En septembre 1831, les républicains tentent de renverser le système monarchique et prennent possession de Neuchâtel sans coup férir. Une troupe armée de 700 à 1000 insurgés occupe le château. Afin de les nourrir, des hommes armés descendent quotidiennement devant l’hôtel de ville pour réquisitionner auprès des autorités bourgeoises de la ville des vivres et des produits de première nécessité. Mal préparée et mal organisée, l’insurrection échoue dans sa tentative révolutionnaire et elle est finalement réprimée.
La lithographie présente une vingtaine de républicains revenant de l’hôtel de ville avec leurs réquisitions. Débouchant sur la Croix-du-Marché, ils entament la montée vers le château. Marchant en colonne par deux de façon désordonnée, ils forment une troupe hétéroclite et un peu ridicule. Emmenée par un sapeur, sabre sur l’épaule et coiffé d’un bonnet à poils, la colonne marche au rythme d’un tambour et d’un fifre. Sur la droite, un homme porte un sac de provisions. Un char chargé d’un tonneau est emmené par quatre hommes. Un chien aboie au passage de la troupe, un autre assaille directement l’un des soldats.
Faisant partie d’une série de cinq gravures caricaturant les protagonistes de la tentative révolutionnaire de 1831, cette estampe s’en prend aux réquisitions, dont le caractère vexatoire offusquait les bourgeois de la ville. Le caricaturiste insiste sur l’aspect bien peu militaire des patriotes qui prennent l’apparence d’une bande de soudards dont le but principal semble être de ramener au château un tonneau de vin pour s’adonner à des beuveries.
Piaget, Arthur, « La révolution de 1831, Caricatures », Musée neuchâtelois, 1936, pp. 49-51.
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècles d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2005, p. 138 (notice 268).