Fondée vers 1143, l’abbaye de Fontaine-André abrite des moines prémontrés suivant la règle de saint Augustin. En 1375, victimes d’une répercussion locale de la Guerre de Cent Ans, les bâtiments sont ravagés par des mercenaires aux ordres du sire de Lancy. L’abbé Guillaume de Vautravers les remet en état avant que Pierre des Granges ne reconstruise l’église au XVe siècle. Au moment de la Réforme, en 1530, les moines abandonnent l’abbaye et se dispersent. Les bâtiments, mal entretenus, se détériorent peu à peu. L’église est détruite progressivement au cours des XVIIIe et XIXe siècles.
Cette vue du milieu du XVIIIe siècle présente bien l’état d’abandon des bâtiments qui tombent en ruine. Le premier bâtiment sur la droite est une grange derrière laquelle émerge la silhouette élancée du clocher en pierre de taille de l’église. Une croix et un coq couronnent sa flèche. La nef qui s’étend à sa gauche est flanquée d’une chapelle percée d’une fenêtre. Au-dessus du chœur s’élève un haut pignon aigu. Derrière le clocher, on distingue le grand toit du corps de logis méridional. Tout à gauche, le bâtiment dit de la Salle du Landeron servait de logement au dernier abbé de Fontaine-André, Louis Colomb.
De l’abbaye primitive, il ne reste aujourd’hui presque rien : la salle du Landeron, la grange et deux corps de bâtiment formant une équerre sont tout ce qui subsiste. La grange, datant du XIIe siècle, est un monument d’une grande rareté. Mais le lieu a retrouvé depuis quelques années une vocation spirituelle. Racheté à la famille Perregaux en 1954 par les Frères des Ecoles Chrétiennes, Fontaine-André accueille aujourd’hui des pensionnaires en quête de spiritualité.
Courvoisier, Jean, Les monuments d’art et d’histoire du canton de Neuchâtel, tome II, Bâle : Ed. Birkhäuser, 1963, pp. II, p. 26.