Après la conquête de la Belgique et des Pays-Bas par les troupes allemandes en mai 1940, la France est à son tour envahie et capitule en juin de la même année. La percée rapide des blindés allemands se dirigeant vers l’Alsace en longeant la chaine jurassienne provoque l’afflux aux frontières suisses de près de 12’000 civils et 38’000 soldats français qui sont internés en Suisse. Les troupes du général français Daille pénètrent en territoire helvétique par différents points de la frontière. Une partie d’entre eux est accueillie provisoirement à La Chaux-de-Fonds, avant d’être dirigée vers les camps de la région du Seeland, du Napf ou de l’Oberland bernois. Désarmés lors de leur entrée en Suisse, les soldats abandonnent 5’972 chevaux et mulets, 17’000 fusils, 800 mitrailleuses, une centaine de canons, 2’000 véhicules et 1’800 bicyclettes.
Un groupe de soldats suisses stationnés à La Chaux-de-Fonds gardent une partie des armes déposées par les soldats français lors de leur entrée en Suisse. Fusils, mitrailleuses et munitions sont triées et entassées provisoirement contre l’angle d’un bâtiment, en attendant leur dépôt dans un arsenal.
Faisant souvent le parallèle avec l’internement des « Bourbakis » en 1870, l’historiographie a longtemps privilégié le récit de l’accueil des réfugiés français au détriment d’autres épisodes. Un certain nombre de réfugiés jugés « indésirables », notamment les Républicains espagnols internés en France après la guerre d’Espagne, sont en effet refoulés aux frontières jurassiennes en juin 1940 en raison de l’anticommunisme répandu alors en Suisse romande. Le matériel militaire saisi est quant à lui remis à l’Allemagne.
Régiment d’infanterie 8, Repos-Rompez !, Histoire et vie d’une troupe neuchâteloise d’élite, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 2004, pp. 107-146.
Hauser, Claude, Les réfugiés aux frontières jurassiennes (1940-1945). Accueil et refoulement –Internement, Saint-Imier : W. von Känel, 1999.