Le café est mis à la mode à Versailles, sous le règne de Louis XV, par l’ambassadeur du Grand Turc Soliman Aga. Son usage se répand rapidement dans la haute société européenne. A Neuchâtel, il se consomme probablement dès le début du XVIIIe siècle, mais reste le privilège des familles neuchâteloises les plus aisées. En 1724, il est au menu du repas offert par les autorités du Locle au gouverneur de la Principauté en visite dans la région. Ce n’est que vers 1790 que son usage se répand plus largement. Le café, dans sa version populaire, est petit à petit consommé par les familles des artisans et des commerçants.
De petites dimensions, cette cafetière tire son nom – égoïste – du fait qu’elle n’est prévue que pour une seule personne. Piriforme, elle repose sur un piédouche mouluré, ce qui en fait un exemplaire particulièrement rare, la plupart des cafetières s’appuyant sur trois pieds. L’anse en bois fruitier est rattachée au corps par deux manchons tronconiques. Le bec rapporté comporte un bord supérieur mouluré. Le couvercle à charnière, en dôme, mouluré, est surmonté d’une graine campaniforme.
Au début du XIXe siècle, le prix du café baisse et son usage se généralise : le café devient un produit de base dans l’alimentation quotidienne des classes populaires. Il remplace désormais sur la table la soupe de légumes que l’on consommait autrefois matin et soir. Mais, pour en diminuer le coût, le café est délayé et mélangé avec des carottes rôties, de la chicorée ou des glands préparés. La confection du café, plus rapide que celle de la soupe, permet un gain de temps appréciable pour la cuisinière. C’est aussi au début du XIXe siècle qu’apparaissent les premiers établissements publics prenant le nom de « café ».
Schlup, Michel, Le mangeur neuchâtelois au temps des Lumières (1730-1800), Neuchâtel : Nouvelle Revue Neuchâteloise, 2003, pp. 72-74.
Junier Clerc, Caroline, Krenz, Vincent, Orfèvrerie neuchâteloise du XVIIe au XXe siècle, Neuchâtel : Musée d’art et d’histoire, 1993, p. 123.
Dr Guillaume, « Notice historique sur l’introduction de l’usage du café, du thé et du chocolat dans le canton de Neuchâtel », Musée neuchâtelois, 1875, pp. 5-10, 29-37, 60-67.