La communauté offre des avantages à ses autochtones : auberge, fontaine, lavoir, moulin, etc. Chaque prestation de service fait l’objet d’un règlement strict afin d’éviter les abus, les querelles ou les contestations. Ainsi à la fontaine, on exige un entretien des alentours et une maintenance des installations. Les enfants ont interdiction de salir l’eau ou d’en faire l’objet de leurs jeux.
La fontaine comporte deux bassins rectangulaires en granit, l’un pour le lavage et l’autre pour le rinçage. Ils sont surmontés d’une pile de section carrée de 42 cm sur une hauteur de 154 cm, coiffée d’un entablement. Un troisième bassin en calcaire est un ajout ultérieur. De part et d’autre de la fontaine se trouvent deux pierres à battre le linge, inclinées et échancrées. A l’arrière, le bâtiment de la buanderie comprend d’autres bassins, un foyer, une chaudière, sans doute même un récipient pour récupérer la cendre.
Le bâtiment collectif évite la multiplication des installations individuelles coûteuses et les risques d’incendie à domicile. A l’époque, les lavandières trempaient le linge, le battaient pour en sortir les impuretés, le cuisaient en intercalant des toiles appelées fleuriers, remplies de cendre de bois (produit de lessive apprécié des usagers, qui mêlé à l’eau était appelé lissu). Elles le rinçaient dans les bassins, l’étendaient sur l’herbe ou le séchaient sur des cordes.
Evard, Maurice, Fontaines neuchâteloises, Hauterive: Gilles Attinger, 1985.
Evard, Maurice, « L’épopée de l’eau aux fontaines », Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, 2004, no 48, p. 15-27.