Avant la fin de la Première Guerre mondiale, plusieurs demandes provenant principalement de mouvements associatifs pressent le Conseil communal de la ville de Neuchâtel d’agir en faveur de la création d’un « Parc des sports ». Ces propositions rencontrent toutefois une forte opposition d’une partie de la classe politique et le projet, plusieurs fois repoussé, ne voit le jour que quelques années plus tard, en 1924. L’implication du FC Cantonal, club de football le plus important de la ville (champion Suisse en 1916), est décisive pour relancer des négociations au point mort. Pourtant, jusqu’en 1922, « pour divers motifs d’ordre pratique ou financier », le club avait été absent des négociations. Ces tractations mènent à la création, en 1924, d’un Parc des Sports à la Maladière. Une plaquette célèbre à la fois l’inauguration du stade et le 30e anniversaire du club. Elle est rédigée par Hans Billeter, président de la Commission de Jeu du FC Cantonal, et Alfred Bauler, président du club.
Avant d’exposer les différentes étapes menant à la création du Parc des Sports, l’ouvrage commémoratif retrace, dans sa première partie, trente années de football à Neuchâtel. Au début des années 1890, quelques étudiants pratiquent ce sport au Mail « devant une demi-douzaine de promeneurs étonnés et sceptiques ». Ils créent en 1893 « The Neuchâtel Rovers », présenté comme le premier club de la ville. L’effet de mimétisme au sein de la population débouche alors sur une certaine émulation de ce sport dans la région et plusieurs clubs sont créés à partir de 1895. « [D]ans notre ville et dans les villages avoisinants la passion du football avait pris le caractère d’une maladie contagieuse. ». Le FC Cantonal, après différentes fusions, est créé en 1906. Par méconnaissance ou peut-être par prestige, les auteurs de l’ouvrage font donc remonter la naissance de ce club au « premier club » de la ville. Dans les faits, nous retrouvons dans « l’Express » une mention d’un club de football, à Neuchâtel, dès 1883.
Au-delà du stade lui-même, les politiciens argumentent très souvent contre ces nouveaux sports « anglais » et leur utilité. Les notions de compétition, de spectacle ou de professionnalisation sont pointées du doigt. En fait, davantage que la simple naissance du stade de la Maladière dans les années 1920, c’est bien la question de la légitimité des sports modernes aux yeux des politiciens neuchâtelois qui se pose pour la première fois. Les personnes en faveur du Parc des Sports invoquent principalement les effets bénéfiques du sport pour la santé (lutte contre l’alcoolisme et la tuberculose) pour justifier les coûts que le stade engendrerait pour la ville. Par ailleurs, l’avance en matière d’infrastructures sportives prise par La Chaux-de-Fonds, sous gouvernance socialiste, est souvent prise en exemple par les défenseurs du projet.
Baudoin, Jean-Claude, Un siècle de football à Neuchâtel, Neuchâtel : Centre d’arts graphiques, 1976.
Gogniat, Jérôme, Tissot, Laurent, Neuchâtel-Xamax : cent ans d’histoire et de passions, Neuchâtel : Ed. Alphil & Musée d’art et d’histoire, 2012.
Gogniat, Jérôme, Stade de la Maladière à Neuchâtel. Evolution des relations entre la vie associative et les autorités politiques (1918-1970), mémoire de bachelor, Université de Neuchâtel, 2011.