Jusqu’en 1995, Neuchâtel ne dispose pas d’un lieu dédié à l’art contemporain. Plusieurs galeries lui font la part belle, ainsi que certaines rétrospectives au Musée d’art et d’histoire, mais il n’existe aucun lieu de recherche, d’expérimentation, et de sensibilisation aux courants artistiques contemporains. Emmenés par Jean-Pierre Huguet, Marc-Olivier Wahler et Joël Von Allmen, quelques passionnés réussissent à emporter l’adhésion des autorités locales et à être soutenues par une soixantaine d’entreprises locales. D’anciens locaux industriels, situés à la rue des Moulins, sont mis à leur disposition. L’ouverture a lieu en mars 1995.
Prenant tour à tour la parole, Marc-Olivier Wahler et Jean-Pierre Huguet décrivent les lieux et racontent comment ont été obtenus le soutien de la Ville et celui des entreprises. Ils soulignent la nécessité d’un centre à Neuchâtel pour faire connaitre et apprécier l’art contemporain. Outres les espaces d’exposition de 270 m2, plusieurs offres permettront au public de se familiariser avec l’art contemporain : une salle vidéo propose une nouvelle programmation toutes les deux semaines ; un petit centre de documentation et une bibliothèque répondent aux besoins de visiteurs curieux ; un café-restaurant a pour vocation de susciter les passions et les discussions sur l’art contemporain.
L’aventure du CAN n’ira pas sans heurts. Une dizaine d’années après sa création, le Centre, en perte de vitesse, n’est pas loin de la faillite. L’Association Kunstart, qui regroupe plusieurs dissidents du CAN, parmi lesquels Arthur de Pury, tente plusieurs démarches auprès de la Ville pour s’emparer du CAN, mais se heurte aux refus de Jean-Pierre Huguet. La mort de celui-ci, en 2006, mettra fin à cette lutte parricide. L’association CAN tient alors une assemblée extraordinaire au terme de laquelle elle décide de confier la direction du CAN à Kunstart et Arthur de Pury.
Jelmini, Jean-Pierre, Neuchâtel 1011-2011, mille ans – mille questions – mille et une réponses, Hauterive : Ed. Attinger SA, 2010, p. 73.