Rodolphe de Neuchâtel, comte et poète, est le fils ainé d’Ulrich de Neuchâtel et de sa femme Berthe, qui sont à l’origine de la construction de la Collégiale de Neuchâtel. Rodolphe partage le gouvernement des domaines familiaux en indivision avec son frère Ulrich. Après la mort de Rodolphe, survenue probablement vers 1196, la famille de Neuchâtel envisage le partage de son patrimoine. La répartition, en 1214, des ministériaux (titulaire d’une fonction importante au service de la famille) en constitue la première étape. Les frères de Rodolphe, Ulrich et Berthold, ainsi que son fils Berthold, se divisent les fidèles de la famille. A la mort d’Ulrich, en 1225, les terres sont définitivement partagées selon la frontière linguistique : Berthold, fils de Rodolphe, prend possession de la ville de Neuchâtel et la plupart des domaines francophones. Les fils d’Ulrich héritent des possessions germaniques, ainsi que de Valangin, du Val-de-Ruz et des Montagnes.
Disposé en trois colonnes sur une longue bande horizontale de parchemin, cet acte original est rédigé en latin dans une écriture en gothique cursif. Il porte encore les cordons qui tenaient liés les sceaux.
Dans une société médiévale hiérarchisée et inégalitaire, les ministériaux occupent une place de premier plan. Très proches du comte de Neuchâtel, étroitement associés à sa famille, les ministériaux sont titulaires d’une fonction ou d’un office important. Le document de 1214 donne de précieuses informations sur leur statut juridique : ils ne sont pas libres, au contraire de la noblesse, et ne peuvent léguer leur bien sans le consentement de leur seigneur. Ils sont aussi soumis à la mainmorte, le seigneur ayant le droit de conserver une part de leur succession au moment de leur décès. Le partage entre Ulrich, Berthold et leur neveu Berthold précise que les ministériaux sont cédés avec leurs fiefs et leur famille. Si le ministéral ne se confond pas avec le noble, son statut lui confère néanmoins un prestige qui l’amènera, au cours du temps, à une position similaire.
Ritter, J.-P., Ministérialité et chevalerie: dignité humaine et liberté dans le droit médiéval, Lausanne: H. Jaunin, 1955.
Tribolet, Maurice, « La condition des personnes », in : Histoire du Pays de Neuchâtel, tome 1, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1989, pp. 195-201.