Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, les horlogers et les commerçants se déplacent régulièrement pour livrer leur marchandise directement au client ou pour se rendre aux foires en Suisse, en France ou en Allemagne. Fritz Courvoisier, associé dès 1832 à ses frères au sein de la maison d’horlogerie Courvoisier et Cie, effectue ainsi des voyages dans toutes l’Europe : Lisbonne, Naples, Varsovie, Moscou, Hanovre, Alexandrie ou Constantinople sont quelques unes des destinations figurant sur son passeport. Les voyages effectués en diligence ou en bateau sont longs et inconfortables. Les horloges solides et de petites dimensions accompagnaient le voyageur et permettaient de les transporter aisément lors de ces périples.
L’horloge est enfermée dans un boitier en laiton dont les cinq verres biseautés laissent voir le mouvement. En émail blanc, le cadran principal indiquant les heures et les minutes est surchargé d’un cadran plus petit marquant les secondes. Deux autres petits cadrans affichant les quantièmes et l’heure du réveil sont placés dans la partie inférieure de l’horloge. Un mécanisme particulier permet à la sonnerie des heures et des quarts d’alterner automatiquement la grande sonnerie durant la nuit et la petite durant le jour. Sur le dessus du cabinet, une inscription énumère les caractéristiques du mouvement : « Echappement libre à ressort – levée repos et dégagement en rubis – dix trous en pierre – spirale isochrone – balancier compensé ».
Le mouvement de cette horloge de voyage est signé par Fritz Courvoisier lui-même, probablement avant qu’il ne soit associé avec ses frères sous la raison sociale Courvoisier et Cie. Une deuxième inscription, cachée par la sonnerie, mentionne le nom de Charles-Frédéric Klentschi (1774-1854). Ce dernier a en effet collaboré à plusieurs reprises avec les Courvoisier. Fritz Courvoisier utilisait peut-être cette horloge pour présenter aux clients potentiels son savoir-faire, ce qui expliquerait l’inscription gravée sur le cabinet ? En tous les cas, la maison Courvoisier – dirigée jusqu’en 1832 par son père – fit un commerce important de ces horloges de voyages, dites aussi pendules d’officier.
Si le travail de Fritz Courvoisier comme horloger est considérable, ce sont ses activités politiques et militaires qui le font passer à la postérité. Son rôle dans la révolution de 1848, dans la vie politique de la jeune République et dans la construction du chemin de fer neuchâtelois font de lui un personnage incontournable de l’histoire neuchâteloise du milieu du XIXe siècle.
Chapuis, Alfred, Histoire de la Pendulerie Neuchâteloise, Neuchâtel : Attinger Frères, 1919, pp. 309-310, 432-435.
Allix, Charles, Carriage clocks, Thier History & Development, Woodbridge Suffolk : Antique Collectors’club, 1974, pp. 310-313.
Chatelain, Pierre-Yves, « Frédéric-Alexandre Courvoisier, Fabricant d’horologerie, homme politique, militaire », in : Biographies neuchâteloises, tome 2, Hauterive: Ed. Gilles Attinger, pp. 93-98.