Malgré la modernisation du réseau routier effectuée sous le règne d’Alexandre Berthier, entre 1806 et 1814, la topographie tourmentée du Pays de Neuchâtel rend par endroits les déplacements encore difficiles. La route reliant Neuchâtel au Val-de-Travers doit ainsi franchir le difficile obstacle de la Clusette, passage délicat où l’instabilité du terrain rend les éboulements fréquents et où la pente met les chevaux à rude épreuve. Pour y remédier, certaines voitures hippomobiles sont spécialement adaptées pour les chemins de montagnes mal entretenus.
Si certains chars de côté sont de construction très simple, celui-ci dispose d’un certain confort. Il est en effet doté d’une suspension. Une tige métallique relie les essieux et l’habitacle est monté sur deux brancards de bois posé sur les ressorts de suspension. Il n’a pas besoin de marchepied, la hauteur de l’habitacle n’excédant pas 25 cm, ce qui garantit la stabilité du véhicule. Le voyageur prenait place latéralement.
Cette voiture a appartenu à un médecin bien connu de Fleurier, le Dr Anker, puis a été achetée par la commune pour transporter à l’hôpital, au début du 20e siècle, les personnes atteintes de maladies contagieuses, particulièrement pendant la grippe de 1918. La légèreté du char de côté, ainsi que sa forme basse, lui permettent de passer sans encombre dans les chemins étroits et escarpés des montagnes neuchâteloises. Au passage d’un endroit particulièrement difficile ou en cas de soudaines difficultés, le passager peut facilement et rapidement mettre pied à terre, pour alléger l’attelage, voire parfois pour le pousser ! Ce moyen de transport peut réserver un inconvénient de taille : si le trajet s’effectue dans le mauvais sens, le voyageur se retrouve totalement privé de vue ! L’utilisation du char de côté ne se restreint pas au Pays de Neuchâtel : aux 18e et 19e siècles, on rencontre fréquemment ce type de char sur les routes de Suisse, dans le Jura et les Alpes.
Schlup, Michel, Au temps des coches et des diligences, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1984.
Grellet, Pierre, La Suisse des diligences, Lausanne, 1947, p. 21.
Grandjean, Antoine (dir.), Routes neuchâteloises, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1995.