La dentellerie neuchâteloise, apparue dans la principauté au XVIIe siècle, est à son apogée dans les années 1820, avant de disparaitre, vingt ans plus tard, victime de la mécanisation. Durant cette période, Neuchâtel a été le premier centre de production helvétique et exporte dans toute l’Europe. Parmi les techniques à l’honneur dans la principauté figure la « blonde » de Neuchâtel. Utilisant la soie noire ou blanche, la « blonde » se caractérise par un fond clair, fin et transparent, qui met en évidence les surfaces pleines des motifs. La confection de pièces complexes, telle que la jupe et le volant présenté ici, demande une grande habileté de la part de l’ouvrière. La précision du dessin et la variété des points utilisés nécessitent un important savoir-faire.
Cet ensemble est composé d’une jupe, d’un volant et d’un voile. La jupe en soie est formée de 15 bandes apposées. D’une hauteur de 125 cm, elle a une amplitude de plus de 3 mètres. Un ou plusieurs jupons lui procurent la plus grande ampleur possible. Elle est rehaussée d’un volant fabriqué en dentelle aux fuseaux. Il est composé de 25 motifs de feuilles et de fleurs apposés, ainsi que d’un bord festonné. Le volant est posé en berthe, c’est-à-dire soigneusement plissé autour des épaules avec un long retombé sur le devant. Un voile carré fait de huit bandes apposées complète l’ensemble. Le voile n’a pas été achevé.
De telles pièces sont rarissimes de par la finesse et le soin apporté au travail, l’originalité des motifs de dentelle qui les ornent, mais aussi par leurs très grandes dimensions et leur remarquable état de conservation. Cet ensemble provient de la famille Lambelet aux Verrières. Selon la tradition transmise dans la famille, ces pièces ont été confectionnées pour la reine Elisabeth-Louise de Bavière, épouse du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV. Elles devaient être offertes lors de leur visite de la principauté en 1842. Le roi et son épouse passaient en effet par le Val-de-Travers et faisaient halte à Fleurier. Peut-être le cadeau n’a-t-il pas été terminé à temps ? En tous les cas, il n’a finalement pas été donné à la reine. L’ensemble a été conservé aux Verrières jusqu’en 1990, date à laquelle il a été confié au Château et musée de Valangin.
Montandon, Marie-Louise, Dentelles de Neuchâtel, de la production à l’exportation, Auvernier : Ed. Le Roset, 2007.
Montandon, Marie-Louise, « Notes historiques sur la dentellerie neuchâteloise », Nouvelle revue neuchâteloise, 1988.
Robert, Sylvia, « Dentellerie », in : Dictionnaire historique de la Suisse (DHS).