Depuis le XIVe siècle, Valangin est constitué en mairie, terme qui désigne alors une circonscription judiciaire, tant en matière civile que criminelle. A ce titre, le château de Valangin se doit de posséder des prisons. En 1592, la seigneurie de Valangin est rachetée par Marie de Bourbon et rattachée au comté de Neuchâtel. Le château de Valangin cesse d’être la résidence d’un seigneur et n’est désormais plus habité que par le lieutenant et receveur du lieu. Dès XVIIIe siècle, le château de Valangin est utilisé essentiellement comme tribunal et comme prison. Des locaux de détentions sont aménagés dans les sous-sols du bâtiment et plusieurs cages en bois sont construites. A une date indéterminée, probablement au début du XIXe siècle, une cage est installée dans les combles. Au milieu du XIXe siècle, les anciens cachots sont hors d’usage et les détenus sont logés dans les anciens appartements des comtes de Valangin.
Construite avec de solides madriers de bois, la « cage » du château de Valangin est de dimensions modestes : la surface au sol est d’environ 10 m2 alors que la hauteur du plafond atteint 2m70. On y pénètre par une petite ouverture, large de 50 cm et haute d’1m55, fermée par une porte massive épaisse de 8 cm. Une serrure et un verrou permettent de la condamner. Un guichet percé dans la porte sert à transmettre au prévenu sa pitance. Deux marches facilitent l’accès à la porte légèrement surélevée. Une seconde ouverture, garnie de barreaux de fer, est pratiquée du côté nord et sert de fenêtre. A l’intérieur, un cadre de planches sert de lit.
Dans la principauté de Neuchâtel, la réclusion prolongée n’était pas une peine en usage. Les prisons servaient uniquement à incarcérer les criminels pendant leur instruction. Le jugement décidait ensuite leur libération, leur bannissement ou leur envoi au supplice. L’enfermement dans ces cages pouvait néanmoins se prolonger en fonction de la durée de l’instruction. Les prisonniers n’y avaient qu’un espace restreint pour se mouvoir, dans un isolement total et une obscurité presque complète. Un rapport du Conseil d’Etat daté de 1822 signale l’usage courant des cages comme lieux de détention et leur manque de salubrité. La modernisation nécessaire des maisons pénitentiaires et l’ouverture du pénitencier cantonal du Mail en 1870 condamnent l’utilisation du château comme lieu de détention. En 1894, le Conseil d’Etat renonce à l’utilisation du château comme lieu d’enfermement et accorde un bail perpétuel à la Société d’histoire et d’archéologie du canton de Neuchâtel, qui le transforme en musée régional.
Guillaume, Dr, « Une prison d’autrefois », Musée neuchâtelois, 1870, pp. 302-304.
Tissot, Charles-Eugène, « La « cage » du château de Valangin », Musée neuchâtelois, 1893, pp. 171-172.
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Henry, Philippe, Crime, justice et société dans la Principauté de Neuchâtel au XVIIIe siècle (1708-1806), Neuchâtel : Ed. de la Baconnière, 1984.
Courvoisier, Jean, Les monuments d’art et d’histoire du canton de Neuchâtel, tome III, Bâle : Ed. Birkhäuser, 1968, pp. 135-137, 157-168.
Lardy, Charles, Du système pénitentiaire, Neuchâtel : Imprimerie James Attinger, 1865.