Sous l’ancien régime, les autorités de la Ville et Bourgeoisie de Neuchâtel sont composées de trois corps : un Grand Conseil (40 membres), un Petit Conseil (24 membres) et les Quatre-Ministraux (7 membres). Les membres du Petit Conseil et des Quatre-Ministraux sont issus du Grand Conseil. L’élection des membres de ce dernier est donc importante et la procédure particulièrement complexe. Elle a lieu lorsque trois places sont vacantes.
L’urne en bois ouvragé comporte douze tiroirs au-dessus desquels figurent une fenêtre pour inscrire les noms des candidats et une ouverture pour y glisser un jeton lors du vote. L’utilisation exacte de cet objet reste encore quelque peu obscure, le règlement du processus électoral étant en partie basé sur la tradition orale.
Dans un premier temps, une liste de douze candidats est établie par le Grand Conseil et les Quatre-Ministraux. Le Conseil Général (soit la réunion des trois corps) choisit ensuite les six meilleurs candidats. Parmi ces derniers seront élus ou tirés au sort (le règlement n’est pas clair sur ce point), par l’intermédiaire de l’urne, les trois nouveaux titulaires du Grand Conseil. Si un candidat échoue trois fois de suite dans cette dernière étape, il obtient directement la prochaine place vacante sans passer par une élection.
Cet objet rappelle un mode d’élection complexe qui met en évidence un système basé sur la cooptation et le mandat à vie. L’accession au Grand Conseil, porte d’entrée de la vie politique neuchâteloise, est rendu particulièrement difficile, ce qui permet de sélectionner soigneusement les nouveaux membres et d’éviter tout élément perturbateur. De ce fait, l’exercice du pouvoir est réservé à un cercle restreint de familles patriciennes neuchâteloises qui accaparent les charges publiques et monopolisent le pouvoir.
La révolution de 1848 met fin à cette situation en promulguant une nouvelle constitution qui modernise radicalement l’organisation politique. Sous l’égide d’Alexis-Marie Piaget, les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sont désormais clairement séparés, l’égalité de tous les citoyens est proclamée et les privilèges des bourgeoisies abolies.
Brand, Patricia, Guanzini, Catherine, « Rôle du tirage au sort dans les pratiques électorales au XVIIIe siècle. Le cas d’Yverdon et des villes vaudoises », in : Expériences du tirage au sort en Suisse et en Europe (XVIe-XXIe siècles), Bern : Bibliothèque Am Guisanplatz, 2018, pp. 145-169
Ballista, Eleonora, Gressot, Julien, Jeanrichard-dit-Bressel, Anne-Sylvie, Leuenberger, Linda, Urne électorale [Rapport de recherche, séminaire « L’objet comme document »], Neuchâtel : Hautes école Arc, Université de Neuchâtel, 2008.
Histoire du Pays de Neuchâtel, tome II, Hauterive : Editions Gilles Attinger, 1991, pp. 243-244.
Lafontant Vallotton, « Cooptation, vote et titrage au sort : choisir le Grand Conseil avant 1848 », in : Christin, Olivier (dir), Le Pays de Neuchâtel raconté en 52 objets, La Chaux-de-Fonds : Editions du Belvédère, 2014, pp. 58-59.