Ferdinand-Olivier Petitpierre exerce son ministère aux Ponts dès janvier 1755. Convaincu de la miséricorde de Dieu, il y prêche la non éternité des peines. Cette doctrine constitue une entorse à la pureté de la foi professée par les autorités ecclésiastiques (la Vénérable Classe). Dénoncé par le pasteur de la Sagne, Petitpierre est sommé de renoncer à prêcher sa théorie. Il recommence pourtant ses prédications après sa nomination en 1759 à la cure de La Chaux-de-Fonds. La Classe le destitue en août 1760, mais ses paroissiens prennent son parti et demandent le jugement du roi Frédéric II. Les esprits s’échauffent et il faut finalement l’intervention du gouverneur George Keith pour ramener le calme dans la Principauté. Petitpierre s’exile à Londres en 1762.
Représenté à mi-corps, Ferdinand-Olivier Petitpierre porte une robe de pasteur à rabat noir. Il tient dans sa main droite une petit livre entrouvert, symbolisant son savoir et sa doctrine théologique. Le peintre l’a représenté les lèvres légèrement pincées, le regard résolu, suggérant sa détermination et sa constance.
Ferdinand-Olivier Petitpierre n’a rien d’un agitateur. Mais la querelle théologique mineure qu’il provoque vire au conflit politique et enfle au point de prendre des proportions sans rapport avec la controverse initiale. Cette affaire mobilise les Neuchâtelois pendant plus d’une année. Le recours à l’arbitrage du roi pour déterminer une question de foi est une mise en cause directe de l’autorité de la Classe qui se réfère aux Articles généraux de 1707 pour obtenir gain de cause. Malgré cette victoire, l’affaire Petitpierre marque une sérieuse remise en question de la puissance et du pouvoir moral de la Vénérable Classe.
Dafflon, Alexandre, « Religion et Etat. Un rescrit de Frédéric II sur la non-étéernité des peines », in: Cinq siècles d’histoire religieuse neuchâteloise. Approches d’une tradition protestante, Neuchâtel: Université de Neuchâtel, 2009, pp. 307-322.
Berthoud, Ch., « Les quatre Petitpierre », Musée Neuchâtelois, 1872, pp. 109-129, 189-202, 209-225, 269-297.
Histoire du Pays de Neuchâtel, tome II, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1991, pp. 99-100.