Neuchâtel constitue au Moyen-âge une paroisse et le siège d’un décanat faisant partie du diocèse de Lausanne. Aussi est-c’est la monnaie de l’évêque qui fait référence dans la région. Mais vers 1190, l’évêque Roger inféode à Ulrich II de Neuchâtel le droit de battre monnaie. Les seigneurs de Neuchâtel le conservent jusqu’en 1224, moment où le comte Berthold de Neuchâtel le revend à l’évêque.
Comme la plupart des évêques de l’époque, Roger de Lausanne frappe des deniers anonymes, c’est-à-dire sur lesquels ne figure pas le nom de l’évêque. Sur l’avers est représenté un temple carolingien à cinq colonnes posé sur trois besants, couramment reproduit sur les deniers médiévaux. Il est accompagné de la légende « sedes lavsane ». Le revers porte une croix potencée et l’inscription « civitas eqstri ».
Le titre de comte de Neuchâtel est reconnu à partir de la fin du XIIe siècle. Battre monnaie est un privilège qui renforce ce nouveau prestige, mais ni Ulrich de Neuchâtel, ni Berthold ne semblent profiter de cet avantage. Néanmoins, l’inféodation par l’évêque de Lausanne de ce droit, source de profit, ne plaît pas au chapitre de Lausanne qui accuse l’évêque de dilapider les biens de l’Eglise. Les arbitres désignés de ce conflit ordonnent à Roger de révoquer la cession de son droit de battre monnaie. Mais il faut attendre 1224 pour que l’évêque de Lausanne récupère son privilège.
Demole, Eugène ; Wavre, William, Histoire monétaire de Neuchâtel, Neuchâtel : Société d’histoire et d’archéologie, 1939, pp. 21-34.
Miéville, Hervé, « Une trouvaille monétaire à la Bonneville (commune d’Engollon, canton de Neuchâtel) », Musée neuchâtelois, 1995, pp. 137-158.
Montmollin, Jean de, « Notice sur les monnaies neuchâteloises », Musée neuchâtelois, 1870, pp. 112-122.
Histoire du Pays de Neuchâtel, tome I, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1989, pp. 216.