En juin 1998, une statue en bois est découverte dans une niche de la maison Rousseau à Champ-du-Moulin. Son lieu d’origine et la date exacte de sa création sont inconnus. Une datation au carbone 14 a été effectuée[1], la situant entre la fin du 15e siècle et le début du 17e siècle.
Saint Nicolas (270-343 après J.-C.) était évêque de Myre en Lycie (Turquie actuelle). Son culte est attesté dès le 6e siècle en Orient puis se répand en Occident par les routes commerciales. Il est introduit en Suisse au 11e siècle par les chanoines du Grand-Saint-Bernard dont la première église lui était dédiée. Il est le patron de plusieurs villes, notamment Fribourg, ainsi que le protecteur des enfants et de nombreux métiers. Il est très présent dans la culture populaire à travers la fête de Saint-Nicolas, célébrée le 6 décembre, ainsi que dans l’iconographie religieuse et profane.
Statue en bois représentant saint Nicolas debout sur un socle, coiffé de la mitre de l’évêque latin avec une crosse dans la main droite et un livre avec trois boules posées dessus en pyramide dans la main gauche. Il porte une chasuble (vêtement sacerdotal sans manche) et une chape (cape de cérémonie). Son visage est imberbe et marqué par des rides ; il a la bouche entr’ouverte et les cheveux mi-longs.
La statue conserve des traces de polychromie sous la forme de dorures et de motifs floraux. Le dos a été évidé à l’aide d’une herminette dont les traces sont encore visibles. La main droite, la crosse, le livre et les boules ont été réalisés séparément puis fixés à la statue. Ces éléments sont plus récents et témoignent de plusieurs restaurations.
Les trois boules renvoient à l’une des légendes les plus connues liées à saint Nicolas. Un homme ruiné, ne pouvant plus assurer la dot de mariage de ses trois filles, n’avait pas d’autre choix que de les prostituer pour subvenir à leurs besoins. Un de ses voisins était Nicolas, alors jeune homme. Ayant pris connaissance du triste sort qui attendait les jeunes filles, il décida de les sauver. Trois nuits de suite, il jeta une bourse remplie d’or par la fenêtre, une pour chaque fille, afin qu’elles puissent être mariées honorablement. La troisième nuit, il fut reconnu par son voisin qui le remercia pour ses cadeaux. Cette histoire est rapportée dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine, écrite entre 1261 et 1266.
Cette pièce d’influence gothique a été réalisée à une époque où de nombreux centres de productions de sculpture sur bois étaient actifs en Suisse et en Allemagne. Elle appartenait à un retable probablement commandé à la fin du 16e siècle et peut-être réalisé par un atelier s’inspirant des modèles du sculpteur Hans Geiler, actif à Fribourg entre 1513 et 1534. Du retable d’origine probablement démembré ou brûlé à la Réforme, il ne reste que ce saint Nicolas, qui doit son salut au bois qui le compose, léger et facilement transportable.
Tharin, Roxane, La statue en bois de saint Nicolas du Laténium, tentative d’attribution d’un lieu d’origine à travers une perspective iconographique et stylistique, travail de mini-mémoire, Institut d’histoire de l’art et muséologie, Université de Neuchâtel, Neuchâtel, 2014.
Objet d’une visite thématique au Laténium, menée en décembre 2010 par Virginie Galbarini: https://www.rts.ch/decouverte/dossiers/2010/lacustres_objet-du-mois/2731841-la-statue-en-bois-polychrome-de-saint-nicolas.html (dernière consultation le 24.09.19).