L’origine des seigneurs de Neuchâtel est encore mal connue. Les sources écrites sont rares et ce n’est qu’au milieu du XIIe siècle que leur nom apparaît dans les documents. Leur autorité sur la région s’accroît au tournant des XIIe et XIIIe siècles. Ils se réclament désormais des comtes de Fenis et se lancent dans la construction d’une collégiale et dans l’agrandissement de l’ancienne aula rodolphienne. Ulrich III (avant 1182-1225) et son frère Rodolphe (v. 1160-1196), coseigneurs de Neuchâtel, règnent en indivision sur les domaines familiaux. En 1192, ils donnent à l’abbaye de Fontaine-André la troisième portion de la dîme de Champreveyres. L’acte, écrit en latin, est scellé du sceau équestre d’Ulrich qui authentifie le document.
Le sceau d’Ulrich, en cire beige, est appendu au parchemin par une lanière de cuir. On y voit une figure équestre, coiffée d’un heaume cylindrique, portant un bouclier et brandissant une épée de grande taille. La netteté de l’empreinte permet de distinguer clairement le harnachement du cheval : la selle, les étriers et la bride. La légende nominative circulaire, en latin, mentionne : « VLDERICVS DE NOVO CASTRO » (Ulrich de Neuchâtel).
Autrefois réservé à l’administration royale, puis, vers le milieu du XIe siècle, aux évêques et aux princes, le sceau est adopté par les seigneurs laïques et les dignitaires de l’Eglise au XIIe siècle. L’image et la légende nominative servent de marque d’identité. A ce titre, la pose d’un sceau au bas d’un document engage formellement son titulaire. Les figures équestres sont rares sur les sceaux des comtes de Neuchâtel. Ulrich II, père d’Ulrich III en possédait un. Il faut ensuite attendre Louis de Neuchâtel (1343-1373) pour en retrouver l’emploi. Utilisé par l’aristocratie laïque, le sceau équestre illustre le rôle du seigneur : l’épée à la main, il sert son suzerain et protège son vassal.
Bautier, Robert-Henri, Chartes, sceaux et chancelleries: étude de diplomatique et de sigillographie médiévale, Paris: École des Chartes, 1990.
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