L’Exposition universelle de Bruxelles ouvre ses portes le 17 avril 1958. La Suisse charge l’architecte zurichois Werner Gantenbien de la réalisation de son pavillon. Les différentes thématiques sont réparties dans plusieurs espaces hexagonaux juxtaposés. La section relative à l’horlogerie est imaginée par l’architecte Hans Gübelin et l’artiste Hans Erni. Derrière un bassin d’eau figurent trois grandes fresques peintes par Hans Erni. Elles servent de cadre, au centre du pavillon, à l’exposition des pièces maîtresses de l’horlogerie suisse : une horloge atomique, des appareils de chronométrage, 200 montres et quelques prototypes.
La fresque de Hans Erni, peinte sur des panneaux de pavatex, se divise en trois parties aux thématiques distinctes. La première traite de l’histoire de la mesure du temps : partant des premières horloges de clocher, passant par le mythe de Daniel JeanRichard, le peintre poursuit jusqu’aux ateliers modernes et aux développements de la téléphonie sans fil. Le deuxième panneau présente la technique de la mesure du temps : une figure mythologique – Chronos – souffle à l’horloger ses secrets, ce qui permet de nouveaux progrès techniques. Le dernier tableau expose la philosophie de la mesure du temps en présentant, de Ptolémée à Einstein, les grandes figures qui ont permis la progressive conquête du temps.
Hans Erni allie dans sa fresque symbolisme et réalisme. L’artiste a bénéficié d’une riche documentation fournie par les responsables de la section horlogère, ce qui lui permet de donner une représentation très exacte des outils et des techniques de l’horlogerie. Mais la réflexion de Hans Erni n’est pas simplement didactique. Il veut montrer à travers son œuvre que la science et la technique peuvent concourir au bonheur de l’humanité et non à sa destruction. La Deuxième Guerre mondiale a en effet profondément ébranlé la foi dans le progrès en utilisant militairement les dernières découvertes scientifiques. La fresque d’Erni s’inscrit ainsi dans la thématique générale de l’Exposition : Bilan du monde pour un monde plus humain. Elle révèle le besoin, après le conflit, de retrouver confiance dans la recherche scientifique et technique. L’œuvre rejoint le Musée international d’horlogerie au moment de l’ouverture du nouveau bâtiment en 1974.
Guyot, Charles, Conquête du temps, trois peintures de Hans Erni, La Chaux-de-Fonds : Chambre suisse de l’horlogerie, 1958.
Cardinal, Catherine, Piguet, Jean-Michel, Catalogue d’œuvres choisies, La Chaux-de-Fonds : Institut l’homme et le temps, 1999, pp. 344-347.
Bühlmann, Karl, Hans Erni: dialogue: oeuvres dans l’espace public avec catalogue raisonné, Wabern: Benteli Verl., 2004.