En 1864, une chapelle protestante est édifiée au Landeron par l’architecte Paris-Borel. Des projets de réfection et d’agrandissement sont élaborés, d’abord par l’architecte neuchâtelois Léo Châtelain en 1900, puis en 1913 par son fils Louys Châtelain. Le projet est ouvert à d’autres architectes en 1920 avant d’être abandonné dans la mesure où l’on opte, dès 1929, pour la construction d’un nouveau temple, en contrebas, inauguré en 1932. Entre 1944 et 1951, la petite chapelle protestante désaffectée sert de maternité locale.
Le bâtiment représenté sur cette photographie est la première chapelle occupée par les protestants du Landeron. Le cliché est réalisé par Alfredo Acquadro (1886-1970), un photographe italien établit à La Neuveville (BE) depuis le début du 20e siècle et dont le travail permet de documenter l’histoire de la région. La photographie représente la façade sud de la chapelle, recouverte de lierre, avec quatre infirmières dont trois s’occupent de nouveau-nés placés dans des petits lits à l’extérieur du bâtiment. La quatrième sœur se trouve près d’un parasol sur le balcon, rajouté bien après la construction de la chapelle.
Une première maternité est installée à Pourtalès à la fin du 19e siècle et si de nombreux hôpitaux régionaux et des établissements spécialisés voient le jour à Neuchâtel dans la seconde moitié du siècle, encore peu de structures s’orientent vers le soin des mères en couches et des nourrissons. D’une part, les sages-femmes opèrent encore au domicile des accouchantes bien que la tendance à mettre au monde des enfants dans des hôpitaux s’accroit à partir des années 1920. D’autre part, ces établissements ne voient le jour que grâce au financement de quelques bienfaiteurs fortunés, comme c’est le cas pour la maternité du Landeron.
Avec la reprise économique d’après-guerre de nombreuses cliniques privées voient le jour et l’accroissement des maternités, qui s’observe à partir de 1930, exprime la tendance de certains secteurs médicaux à devenir autonomes et à s’installer dans de nouveaux bâtiments comme c’est le cas à Landeyeux en 1948 et à La Béroche l’année suivante. La courte durée de vie de la petite maternité du Landeron – celle-ci n’aura en effet fonctionné que pendant sept ans – s’explique notamment par le fait que le bâtiment devient un locatif dès 1951. La concurrence que le système hospitalier oppose aux petites structures privées puis le développement des assurances sociales disent l’importante modification des pratiques de natalité au milieu du siècle passé. Les efforts de rationalisation et de regroupement des soins font d’ailleurs toujours débat.
Courvoisier, Jean, Les monuments d’art et d’histoire du canton de Neuchâtel, Bâle, Birkhäuser, 1963.
Christ, Thierry, « De la bienfaisance privée à l’Etat social ? Mise en place, financement et contrôle du réseau hospitalier et institutionnel (orphelinats, hospices) à Neuchâtel (1815-1914) », in Revue historique neuchâteloise, 1997, pp. 23-51.
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L’Express, 03.07.1948.