Au printemps 1769, Rousseau avait vivement refusé un projet de médaille, déclarant un peu plus tard à Marc-Michel Rey : « Je ne suis point, et surtout dans ce siècle, un homme à médailles, et quand j’en serais, j’aimerais mieux être de ceux dont on demande pourquoi ils n’ont point de médaille, que de ceux dont on demande pourquoi ils en ont. » (CC 6579 = ET n° 2089) Il se pourrait néanmoins qu’une telle médaille ait été fabriquée à son insu.
Médaille ovale uniface en bronze, à l’avers buste de Rousseau, profil à droite, sans aucune inscription, ni signature, ni date. Elle reprend l’estampe de Taraval et Watelet datée de 1766. A part la houppe retombante attachée à un petit pompon, le bonnet ne ressemble pas à la description qu’en avait donnée Rousseau en 1763 pour les deux gravures qu’il avait autorisées.
Peu satisfait de son premier portrait gravé en 1763 par Claude Antoine Littret de Montigny (1735-1765) d’après le pastel (1753 ou 1752) de Maurice Quentin de La Tour (1704 – 1788), Rousseau le fait aussitôt refaire par Louis Jacques Cathelin (1738-1804). Malgré les précisions fournies à l’artiste : « je porte en toute saison un bonnet garni d’une fourrure haute d’environ quatre ou cinq pouces, tantôt martre, tantôt petit gris, agneau de Tartarie etc. [et pour l’hiver fourré de renard de Sibérie] (CC 2971 = ET n° 1048), le résultat n’est pas moins infidèle : « le bonnet ne ressemble point au mien : ma fourrure est moins ébouriffée, elle ne monte pas si haut, elle ne fait aucune pointe, elle laisse paraître le haut du bonnet et la houppe qui le termine. » (CC 3058 = ET n° 1073)
On comparera avec la gravure « IIe Vue de Motiers-Travers et de ses environs » N°38 des Tableaux de la Suisse connue erronément comme la lapidation de Môtiers [votre notice H 4835 *] où seuls les éléments de cette totale mise en scène ont dû être croqués « sur le vif » par Samuel Hieronymus Grimm (1733-1794), d’où la mention « ad Natm Del. ».
Bulletin de l’Association Jean Jacques Rousseau N° 66 – 2006, pp. 7-8 et 11-14.