Au début du 20e siècle, cette pendulette était remise aux assurés de la Caisse cantonale d’assurance populaire (CCAP) du Locle. Afin qu’elle indique l’heure et la date correctes, les assurés étaient invités à y introduire chaque jour une pièce de 20 centimes, correspondant au montant à cotiser par jour sur un trimestre pour payer leur assurance-vie. Pour mettre au point une pendulette de ce type, la CCAP du Locle a fait appel à une entreprise locale : la Manufacture Zenith, qui proposait à l’époque aux côtés de montres de poche et de montres-bracelets divers produits comportant des mouvements mécaniques.
L’intérieur de la pendulette renferme un mouvement d’horlogerie à quantième perpétuel (qui passe automatiquement du 28 ou du 29 février au 1er mars et des 30 ou 31 au 1er du mois suivant). Une fente, dessinée sur le côté du boîtier, permet d’introduire une pièce de 20 centimes dont le poids fera jour après jour basculer un mécanisme appelé à entretenir le mouvement des aiguilles et à actionner le calendrier. A la fin du trimestre, le cotisant pourra récupérer le montant qu’il a épargné en faisant coulisser un petit tiroir situé au bas de la pendulette. Le design de l’extérieur de la pendulette semble conçu pour s’intégrer au meuble appelé à la recevoir – le bureau, probablement. Le cabinet est en bois, matériau qui habille alors la surface des bureaux, et possède des caractéristiques « art déco » à la mode autour des années 1920-1940 : symétrie et aspect épuré des volumes en forme de blocs, associés à l’aspect luxueux que suggèrent les teintes dorées des aiguilles et des numéros. Les indications qui apparaissent sur la façade de la pendulette sont ramenées à l’essentiel : index des heures, numéros et date, auxquels s’ajoute le nom de la marque.
Les indications de l’heure et de la date, mises en évidence par la sobriété du cadran, permettent au propriétaire de la pendulette de constater au premier coup d’œil s’il a cotisé chaque jour et, si tel n’est pas le cas, le nombre de jour de retard qu’il a sur ses cotisations. Ce partenariat entre entreprise horlogère et entreprise de services se révèle stratégique. D’une part les entreprises de services (ne produisant pas d’objets matériels) recourent à des produits horlogers pour faire leur publicité. D’autre part, la diversification des produits proposés par les entreprises horlogères aux côtés de la production traditionnelle de montres de poche et de montres-bracelets permet de démultiplier leurs clientèles et les sources de revenus.
Bhaskaran, Lakshmi, Découvrir le design : tous les mouvements et tous les styles pour mieux comprendre le design contemporain, Paris : Eyrolles, 2009, pp. 86 ss.
Dossier d’oeuvres no 2238, Musée d’horlogerie du Locle – Château des Monts.