Durant le Moyen Age, il était courant de peindre les statues ainsi que des éléments architecturaux, internes comme externes, avec des couleurs chatoyantes dans un but décoratif mais aussi pour frapper les esprits et donner un effet de réel à l’objet. Très peu de statues disposent d’une polychromie encore visible aujourd’hui car le temps, la lumière et l’humidité détruisent les pigments. Appartenant à l’église catholique de Cressier, la statue de sainte Barbe a été déposée, ainsi qu’une autre statue de même facture représentant saint Christophe, au Musée de l’Hôtel de Ville du Landeron en 1984. La sainte Barbe et le saint Christophe sont parmi les plus beaux exemples de statues gothiques du canton.
Cette statue en molasse polychrome représente sainte Barbe. Son déhanché et sa tête légèrement penchée dénotent une posture asymétrique, non rigide, indiquant une attitude naturelle. Le drapé de la robe suggère le mouvement et l’expression délicate du visage de la mélancolie. Ces éléments sont typiques de l’art gothique. Par ailleurs, l’arrière de la statue, non sculpté, montre qu’elle était associée à une colonne d’église par opposition à une statue en ronde-bosse, autour de laquelle il était prévu de tourner. La couronne qui ceint sa tête et le livre qu’elle tient dans sa main droite sont deux des attributs couramment utilisés pour caractériser la sainte.
Les attributs de la sainte renvoient à l’histoire de son martyr. Convertie en secret au christianisme et refusant d’épouser l’homme auquel elle est promise, elle est emprisonnée dans une tour. Refusant de renier sa foi, elle est décapitée par son père qui est aussitôt foudroyé. C’est pour cette raison que l’éclair, comme la tour, font partie des attributs de la sainte, devenue patronne des mineurs, des artilleurs, des pompiers et des architectes. La vie de sainte Barbe est contée dans la Légende dorée, un ouvrage rédigé en latin dans la seconde moitié du 13e siècle par le dominicain Jacques de Voragine. Cependant, les sources de la vie de la sainte étant plus ou moins légendaires, l’Eglise l’a rayée du calendrier en 1969.
Ruedin, André, Callet-Molin, Vincent (dir.), Cressier entre Thielle et Jura, Hauterive : Editions Gilles Attinger, 2008.
Dossier d’œuvre au Musée de l’Hôtel de Ville du Landeron.