La mort d’Henri II d’Orléans-Longueville en 1663 ouvre une période mouvementée pour sa succession à la tête de la principauté de Neuchâtel. Anne-Geneviève de Bourbon (seconde épouse d’Henri II) obtient la tutelle de Jean-Louis-Charles au détriment de Marie de Nemours (fille d’Henri II née d’un premier mariage). A la mort d’Anne-Geneviève, Marie de Nemours reprend la tutelle. Mais son pupille décède en 1694 et la succession se dispute entre Marie de Nemours et le prince de Conti. Le Tribunal des Trois-Etats accorde cette fois-ci la souveraineté à Marie de Nemours, prenant le contre-pied de la décision du parlement de Paris. Fâché de cette décision, le prince de Conti vient tenter de prendre le pouvoir à Neuchâtel en 1699. Mais Marie de Nemours bénéficie de l’appui du Conseil d’Etat et des bourgeoisies. L’intervention du roi d’Angleterre permet de rétablir le calme. Pour remercier ceux qui l’ont soutenu, elle offre une coupe à la Générale Bourgeoisie de Neuchâtel.
Le pied circulaire à moulure est surmonté d’une aigle moulée et rapportée qui porte sur la poitrine les armes de Neuchâtel. Formant une tige, cette aigle supporte un vase tronconique dont les flancs sont ornés de deux bandeaux rapportés. Le couvercle mouluré est coiffé d’une allégorie de la justice : les yeux bandés, elle porte d’une main un glaive et de l’autre une balance. Le poinçon de l’orfèvre Georges Favarger se trouve sur le bord du vase qui porte l’inscription suivante : « S.A.S. Madame Marie Dorléans Duchesse de Nemours Princesse Souveraine de Neufchatel et Vallengin estant dans es Estats en lannée 1699 a donné ce Vase à la Ville de Neufschastel en temoignage de la satisfaction particuliere quelle a du zele et de la fidelité a toute espeuve que ses Bourgeois ont fait paroistre pour Elle ».
La duchesse de Nemours sait reconnaître les siens. En 1680, elle avait destitué les hommes politiques qui avaient pris le parti d’Anne-Geneviève de Bourbon. Inversement, elle se montre généreuse en 1699 envers ses partisans. La duchesse fait plusieurs dons à la bourgeoisie, parmi lesquelles cette coupe et une bannière. Devant ses largesses, la bourgeoisie prend la liberté de remercier directement la souveraine, rôle normalement attribué au Conseil de Ville. Malgré le soutient apporté par les bourgeois à Marie de Nemours, âgée de 74 ans en 1699, beaucoup de Neuchâtelois prévoient déjà son prochain décès et manœuvrent en coulisse pour préparer sa succession. Les difficultés successorales des Orléans-Longueville, les pressions du roi de France et la question religieuse amènent les Neuchâtelois a s’émanciper de l’influence française. En juin 1707, à la mort de Marie de Nemours, tout est déjà en place pour favoriser l’accession du roi de Prusse à la tête de la Principauté de Neuchâtel.
Courvoisier, Jean, Panorama de l’histoire neuchâteloise, Neuchâtel : La Baconnière, 1972, pp. 81-85.
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Junier Clerc ; Krenz, Vincent, Orfèvrerie neuchâteloise du XVIIe au XXe siècle, Neuchâtel : Musée d’art et d’histoire, 1993, p. 90.
Wavre, Williame, « La coupe de Madame de Nemours, 1699 », Musée neuchâtelois, 1891, pp. 189-193.