Pierre Jaquet-Droz (1721-1790), horloger et mécanicien né à La Chaux-de-Fonds, entreprend en avril 1758 un voyage à destination de l’Espagne dans le but de vendre six pendules compliquées et à automates au roi Ferdinand VI. Le retour au pays en mars 1759 est triomphal : la vente de cinq pendules a rapporté deux milles pistoles espagnoles. Une importante somme d’argent qui permet la construction de plusieurs automates complexes, avec la collaboration de son fils, entérinant la gloire de Pierre Jaquet-Droz. Les trois androïdes et la Grotte, quatrième automate aujourd’hui disparu, sont terminés et exhibés au public à La Chaux-de-Fonds en 1774.
Dessinée en Angleterre, gravée par Balthasard Anton Dunker et terminée par F. Lardy en 1776, la Grotte apparaît sur cette gravure comme une composition de rochers avec une scène pastorale en mouvement, juchée sur un socle d’architecture Renaissance et surplombant un parterre de jardins, de statues et de danseurs, également en mouvement. Malgré ses petites dimensions (0.5 m2 pour 0.8 m de hauteur), la Grotte présente un effet de réel par ses nombreux détails. Les trois androïdes illustrés en haut de la gravure, complètent l’ensemble montré dans le cadre du « Spectacle Mécanique » à Paris en 1775 et à Londres entre 1775 et 1777.
Avec la description des automates du prospectus imprimé en 1775 par la Société typographique de Neuchâtel, cette gravure réalisée en Angleterre offre la seule représentation imagée du quatrième automate des Jaquet-Droz. Le spectacle mécanique est mis en place par Henry-Louis Jaquet-Droz (1752-1791) et par Jean-Frédéric Leschot (1746-1824). Il s’agit d’une attraction qui met en scène les trois androïdes, la Grotte et d’autres objets comme des montres, des oiseaux chanteurs et des prothèses anatomiques. Celui-ci se visite en s’acquittant d’un droit d’entrée et fait l’objet de nombreuses publicités dans les quotidiens. D’une part le spectacle est source de revenus mais il valorise aussi les compétences techniques d’Henry-Louis Jaquet-Droz qui espère s’attirer de nombreuses commandes. Les automates et le Spectacle mécanique fonctionnent ainsi comme stratégie commerciale au sein d’un contexte de production où les Jaquet-Droz et Leschot ne sont pas les seuls à être actifs dans le cadre de l’horlogerie de luxe.
Tissot, André, Voyage de Pierre Jaquet-Droz à la cour du roi d’Espagne, Neuchâtel: Baconnière, 1982.
Chapuis, Alfred, Gelis, Edouard, Le monde des automates. Etude historique et technique, 2 vol., Paris : [E. Gélis] ; [Neuchâtel] : [A. Chapuis], 1928. Réédition Genève : Slatkine, 1984.
Wood, Gaby, Le rêve de l’homme-machine: de l’automate à l’androïde, Paris: Ed. Autrement, 2005.
Altick, Richard D., The Shows of London, Cambridge: The Belknap Press of Harvard University Press, 1978.
Transcription du texte de la gravure.