La fabrication des indiennes (toiles peintes de coton) nécessite une longue série d’étapes allant de la préparation de la toile à son impression. Dans ce processus, le dessinateur occupe une place à part, puisqu’il crée les motifs qui orneront le produit fini. Si les manufactures emploient plusieurs dessinateurs fixes, certains d’entre eux, plus réputés, travaillent de manière indépendante à leur propre domicile et fournissent des motifs à plusieurs manufactures selon les commandes qu’ils reçoivent. Abram Borel est dessinateur à la fabrique de toiles peintes à Cortaillod-Boudry.
Abram Borel est ici représenté en buste de trois quarts gauche. Assis à une table, il est vêtu d’une redingote noire sur une chemise blanche. Il tient un pinceau dans la main droite et un modèle floral pour indiennes est posé devant lui sur la table. Des couleurs et d’autres outils de dessinateur sont disposés à sa gauche. Une paire de lunettes signale la précision nécessaire à ce travail. Derrière lui, une grande tenture verte meuble le fonds.
Une signature à la peinture blanche est tracée verticalement sur le bord droit : « convert pinxit 1836 ».
Les représentations des ouvriers travaillant dans les fabriques d’indiennes sont rares. Il est vrai qu’Abram Borel possède un statut privilégié. Il dispose d’une certaine renommée dans la société de l’époque. Bourgeois de Neuchâtel et communier d’Areuse, il occupe la charge de justicier de Colombier. Loin de n’être qu’un passe-temps, son activité de dessinateur d’indiennes devait lui rapporter un certain prestige. C’est pour cette raison qu’il choisit de se faire représenter par Henri-Louis Convert avec les attributs du dessinateur.
Evard, Maurice, Périple au pays des indiennes : cochenille, garance et vitriol, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2002.