De tous temps, les vignerons ont eu des outils leur permettant de couper, de tailler, de retrancher des jets, de vendanger. Pour ce faire, ils ont tout d’abord utilisé des serpettes dont les plus anciennes conservées remontent à l’époque romaine. Ce n’est qu’avec le milieu du 19e siècle qu’ils ont remplacé peu à peu ces outils par des sécateurs.
Cet exemplaire du 18e siècle a été réparé avec du fil de fer. La pointe de la lame est cassée ; le manche, usé et cassé en base, porte la marque de la main de son propriétaire. Cette petite serpette avec lame recourbée en forme de croissant est utilisée pour tailler et vendanger les vignes. Les formes des serpettes varient selon les régions. Certaines peuvent posséder un talon pour un double tranchant. Dans le pays de Neuchâtel, elles sont très simples et étaient fabriquées par des taillandiers locaux. La première manufacture qui en commercialisa de manière sérielle est celle des Rieser de Peseux.
A Neuchâtel, en vertu des réglementations en usage, il était interdit aux vignerons qui ne se rendaient pas expressément à la vigne d’avoir leur corbet avec eux, suite à de nombreuses rixes survenues dans des cabarets. De même, il leur était interdit d’aller au culte avec leur corbet ! Pourtant leur présence aux cérémonies religieuses était obligatoire puisque que c’était à l’issue du culte que les autorités leur intimaient les tâches à accomplir dans la semaine à venir. Ceux qui ne respectaient pas les consignes, encouraient des amendes, en cas de récidive des peines de javiole, à savoir trois jours et trois nuits de prison, et pour les situations les plus graves, des peines de bannissement de la ville pour ceux qui n’en étaient pas bourgeois. Les Manuels du Conseil de Ville en attestent.
Avec la création de la Compagnie des Vignerons en 1687, des règlements furent édictés qui déterminent les travaux que les vignerons doivent accomplir. Parmi ceux-ci, un des plus importants est la taille. A Neuchâtel, on disait puer la vigne du latin putare, couper. Exclusivement réservé aux hommes, cette tâche s’effectuait normalement durant le mois de février par temps clair.
Allanfranchini, Patrice, Histoire de la vigne dans le Pays de Neuchâtel, Neuchâtel : Editions H. Messeiller S.A., 2000.