Visite de François Mitterrand à Neuchâtel
En avril 1983, deux ans à peine après son élection à la présidence de la République française, François Mitterrand se rend en visite officielle en Suisse. Une visite-marathon qui passe par Berne, Bâle, Soleure et Neuchâtel. Cet événement est ressenti comme un tournant dans les relations entre les deux pays, passablement détériorées par les soupçons de fuite des capitaux français vers la Suisse à la suite de l’élection d’un président socialiste.
Cette visite met aussi fin à une certaine indifférence réciproque. Les visites d’un président français en Suisse sont en effet plutôt rares. En 1910, le conseiller fédéral neuchâtelois Robert Comtesse avait invité le président Armand Fallières. En 1983, le Neuchâtelois Pierre Aubert, président de la Confédération, l’imite en invitant François Mitterrand. Ce dernier reviendra d’ailleurs de manière plus informelle à Auvernier, en juillet 1985.
Au micro de Philippe Kottelat, les Neuchâteloises et les Neuchâtelois croisés dans la rue réagissent diversement à la visite de François Mitterrand dans leur ville, les réponses allant de l’enthousiasme au dédain en passant par l’indifférence. Pour sa part, le président du Conseil d’Etat Pierre Dubois s’en réjouit, soulignant pour l’anecdote que Mitterrand va se poser en hélicoptère dans le stade de la Maladière, où joue Xamax, son club favori. Interviewé brièvement par la journaliste Michèle Jaccard, François Mitterrand donne, juste avant son départ, quelques impressions sur son séjour neuchâtelois.
La visite de François Mitterand a laissé un souvenir durable auprès des habitants de Neuchâtel. La présence d’un chef d’Etat dans une petite ville représente en effet un événement considérable. Mais une anecdote est venue renforcer la mémoire collective : le menu du dîner servi à François Mitterrand à l’Hôtel DuPeyrou comportait comme dessert un « soufflé glacé de la Fée », que le président français n’a d’ailleurs par eu le temps de goûter. Le tenancier, Daniel Aimone, fut d’abord poursuivi pour utilisation illégale d’absinthe, puis dans un second temps, ayant prouvé que l’absinthe n’entrait pas dans la composition de son soufflé, pour escroquerie, le nom de son dessert laissant entendre qu’il en contenait. Condamné, il fit recours pour être finalement acquitté en mars 1985.
L’Express, 10 mai 2004.
Neuchâtel. Promenades sonores dans le temps d’une ville millénaire, archives radio publiées à l’occasion du Millénaire de la Ville de Neuchâtel.CD + livret de 32 pages. RTS 2011.