L’esprit des Lumières de la fin du XVIIIe siècle neuchâtelois amène le développement de plusieurs sociétés civiques. Parmi celles-ci, la Société du Jeudi voit le jour en 1802. Ses douze membres ont pour préoccupation le bien public à travers le développement économique et social. Afin de diffuser leurs idées, ils fondent en 1805 le Véritable messager boiteux de Neuchâtel, sur le modèle de l’almanach publié de 1794 à 1798 par l’imprimeur Fauche-Borel. Un comité en assure la gestion après la disparition de la Société du Jeudi en 1815. En 1878, le comité de rédaction du Musée neuchâtelois en reprend la direction, avant de passer la main à la Société d’histoire et d’archéologie en 1944. En raison de difficultés financières, sa parution cesse définitivement en 1962.
La gravure sur bois qui figure sur la couverture du premier numéro éclaire le programme de la revue, dont les buts sont présentés dans un article en page cinq. A gauche, le messager boiteux « porteur de nouvelles »malgré sa jambe de bois remet un message à un enfant. A droite, un groupe de trois personnages discutant entre eux illustre les objectifs de la rédaction : exciter la curiosité et développer les idées. Le Messager s’intéresse aussi à l’actualité internationale, comme l’indique l’arrière plan : une scène de bataille, une ville qui brûle et des navires qui prennent la mer. L’ensemble est dominé par le soleil, un nuage et la lune, marquant l’intérêt pour la marche des saisons, les phénomènes naturels et l’astrologie.
La couverture du Messager boiteux reprend l’iconographie de l’édition de 1794, qui s’inspire elle-même du Véritable Messager boiteux de Berne pour 1771, s’inscrivant ainsi dans la tradition ancienne des almanachs de la région. L’édition neuchâteloise connait une large diffusion et doit son succès à une approche très pratique. Privilégiant les questions agronomiques, sociales et éducatives, la revue se veut d’abord utile à ses lecteurs. En présentant « des idées neuves et des vues saines », elle a pour but principal le bien public. Cette philosophie préside aux nombreuses activités de la Société du Jeudi qui, malgré sa courte existence, est à l’origine du développement de plusieurs initiatives et institutions.
Montandon, Léon, « A propos d’un adieu à un vieil ami », Musée neuchâtelois, 1963, p. 64.
Montandon, Léon, « Adieu à un vieil ami », Musée neuchâtelois, 1962, pp. 230-231.
Châtelain, Dr., « Le véritable Messager boiteux de Neuchâtel au siècle passé », Musée Neuchâtelois, 1885, pp. 96-101,130-136,141-146.
Châtelain, Charles, « A propos du Messager boiteux de Neuchâtel de 1794 », Musée neuchâtelois, 1887, pp .66-68.