Neuchâtel se trouve depuis 1707 sous la domination des rois de Prusse. Au début du 19e siècle, les tensions franco-prussiennes provoquent de vives inquiétudes dans la population neuchâteloise. La défaite de l’Autriche, vaincue à Austerlitz par les armées napoléoniennes, met la Prusse dans une situation difficile et la pousse à négocier un accord avec la France. Neuchâtel est cédée sans conditions à la France en échange de l’électorat du Hanovre. Les deux souverains ratifient cet échange le 8 mars 1806. Napoléon donne en fief d’Empire la principauté de Neuchâtel à l’un de ses officiers, le maréchal Alexandre Berthier, en récompense de ses services. Le 18 mars, 5’000 soldats français entrent à Neuchâtel pour prendre possession de la principauté.
Alexandre Berthier est représenté en pied, marchant de gauche à droite d’un air décidé. Il porte l’uniforme et tient dans sa main droite son bâton de maréchal. Un chapeau galonné coiffe sa tête. Au second plan figure une ville, peut-être italienne, prise d’assaut par des cavaliers et des fantassins. Cet exemplaire de la gravure, avant la lettre, ne comporte pas encore le texte à la gloire du nouveau prince qui figurera dans la version définitive, sous le dessin, de part et d’autre de ses armoiries : « Alexandre Berthier, Prince et Duc de Neuchâtel et Valangin, Ministre de la Guerre, Maréchal d’Empire, Grand Veneur, Grand Cordon de la Légion d’Honneur et de la Couronne de Fer, Chevalier des ordres de l’Aigle noir et de l’Aigle rouge de Prusse. »
S’il existe plusieurs planches gravées représentant le prince Alexandre Berthier, aucun tableau officiel ne figure dans les collections des institutions du canton. Le règne très court de Berthier (dont la fin coïncide avec la chute de l’Empire napoléonien) explique peut-être cet état de fait. Cette planche de qualité, gravée par Prot d’après un tableau de Berlier, est éditée par un Neuchâtelois, Ferdinand d’Ostervald (1758-1843). Ce dernier dirige à Paris une maison d’édition qui ne connaît pas le succès escompté, malgré le renfort de son frère, Jean-Frédéric (1773-1850), le célèbre cartographe. En déposant cette gravure à la Bibliothèque impériale et en la dédiant à la sœur du maréchal, peut-être Ostervald espérait-il s’attirer les bonnes grâces du nouveau prince.
Courvoisier, Jean, Le maréchal Berthier et sa principauté (1806-1814), Neuchâtel : Société d’histoire et d’archéologie, 1959.