Guillaume Ritter (1835-1912), ingénieur et architecte, a accordé un intérêt prépondérant aux questions d’hydrologie. Il prend part ainsi à l’alimentation en eau de la ville de Neuchâtel en 1866 ; dote la ville d’Avignon en eau potable en 1867 ; construit un barrage sur la Sarine pour fournir Fribourg en électricité en 1872 ; fait parvenir en 1887 l’eau des gorges de l’Areuse jusqu’à La Chaux-de-Fonds. Mais certains de ses projets, trop ambitieux, ne voient pas le jour, malgré l’enthousiasme et la ténacité avec lesquels il les défend. Sa proposition en 1887 d’alimenter Paris en eau potable puisée dans le lac de Neuchâtel est parmi les plus emblématiques de ces projets avortés.
En quelques dizaines de pages, Ritter présente son projet. Il prévoit de collecter l’eau dans le lac de Neuchâtel, à 100 mètres de profondeur au lieu dit Bout-du-Bieds. Des machines se chargeraient de refouler l’eau dans un long tunnel de 37 km percé dans le Jura ; un aqueduc aurait ensuite conduit l’eau sur une longueur de 400 kilomètres jusqu’à Paris et au Havre. Paris bénéficierait ainsi d’une eau bon marché et pourrait même utiliser l’excédent d’eau comme force motrice permettant l’éclairage électrique de la ville.
L’alimentation en eau de Paris est un projet qui tient à cœur à Guillaume Ritter. Nullement découragé par les premiers refus, il poursuit, complète et améliore ses plans pendant des années. Selon ses calculs, leur réalisation permettrait à la ville de Neuchâtel d’obtenir des revenus suffisants pour supprimer tout impôt. Ils feraient aussi connaître Neuchâtel loin à la ronde et lui amèneraient un grand nombre de touristes. En 1911 encore, une année avant sa mort, il adresse une lettre ouverte au Conseil Municipal de Paris pour tente de le convaincre – en vain – de l’utilité de cette entreprise.
Gobat, Laurant, « Guillaume Ritter, ingénieur civil », in : Utopierre : Guillaume Ritter, de Vieux-Châtel à Neuchâtel, Le Locle: Ed. G d’Encre, 2009, pp.25-29.
Billeter, O., « Guillaume Ritter, ingénieur à Neuchâtel, 1835-1912 », in : Bulletin de la Société neuchâteloise des sciences naturelles, t. 41(1913/16), p. 159-164.