Dans le sillage de l’essor, à Neuchâtel, des idées des physiocrates vers la fin du 18e siècle, une Société d’émulation patriotique s’est créée en 1791. Celle-ci avait pour but de chercher tous les moyens possibles pour bonifier les conditions de vie des Neuchâtelois. Elle lance divers concours afin d’obtenir des mémoires dans différents domaines. Dans les premières années de son existence, elle cherche prioritairement à favoriser les travaux sur l’économie rurale et parmi ceux-ci, la vigne a toute sa place. Elle obtient ainsi un certain nombre d’études manuscrites pour l’amélioration de sa culture dont une, celle de Jean-Antoine Roulet, sera couronnée et publiée en 1808.
Le Musée de la vigne et du vin conserve un manuscrit du dernier tiers du 18e siècle rédigé par un habitant d’Auvernier qui a vraisemblablement dû servir d’exemple aux auteurs qui ont envoyé des travaux à la Société d’émulation patriotique.
Avec un autre exemplaire conservé à la Bibliothèque publique et universitaire (BPUN MSa 308), c’est le plus ancien traité sur la vigne conservé en terre neuchâteloise. Sa lecture est fort intéressante, car elle permet de comprendre quelles étaient les techniques de culture en usage à l’époque et comment il était envisageable de les améliorer. Ceci montre bien que l’auteur anonyme de ce traité était au courant des textes des physiocrates et qu’il souhaite rechercher comment perfectionner la culture des parchets.
Grâce à de tels manuscrits, il est permis au lecteur de comprendre les pratiques de culture en usage à l’époque et de mettre le doigt sur les travaux qui étaient les plus importants aux yeux des vignerons experts.
Ce manuscrit aborde donc les thèmes suivants : les plants de vigne, la taille, la distance entre les ceps, le nombre de ceps par ouvrier de vigne, le provignage, le premier labour, le deuxième labour, le troisième, l’ébourgeonnement, le relevage, les moyens de lutter contre les urbecs et les vers, les ports de terre, les engrais, de l’usage du gravier, les herbes, etc.
L’ensemble de ce manuscrit de 89 pages permet de se familiariser avec les techniques vigneronnes en usage à la fin du 18e siècle.
Allanfranchini, Patrice, Histoire de la vigne dans le Pays de Neuchâtel, Neuchâtel: Editions H. Messeiller S.A., 2000.