L’extinction de la maison de Neuchâtel en 1395, suite à l’union stérile de Rodolphe de Nidau et d’Isabelle, fait passer le comté et toutes ses possessions à la maison de Fribourg-en-Brisgau. Conrad de Fribourg (+ 1424), neveu d’Isabelle, est confronté à des difficultés financières et aux velléités d’émancipation de ses sujets. Cette hostilité entre le comte et ses bourgeois amène ces derniers à prendre l’initiative d’une alliance avec Berne. Par un acte du 16 avril 1406, le comte est reçu combourgeois. Les bourgeois de Neuchâtel obtiennent la même qualité en échange d’une redevance annuelle. Conrad de Fribourg s’est probablement vu forcer la main par ses sujets qui utilisent ce traité pour renforcer leur position à l’égard du comte.
L’acte de combourgeoisie est rédigé en allemand sur un parchemin. Le texte ne comporte ni paragraphe, ni ponctuation précise. Le préambule présente les parties contractantes et leurs relations. Le corps central expose les diverses clauses du traité. La partie finale du texte comprend la date et les signatures des parties. L’acte est scellé de deux sceaux qui officialisent le document définitivement. A gauche, celui de Conrad de Fribourg, difficilement lisible, comporte ses armes surmontées d’un cimier et encadrées par deux lions affrontés. Le sceau de droite est orné de l’ours bernois.
Plusieurs actes scellent la nouvelle entente entre Berne et Neuchâtel. Outre celui passé avec le comte Conrad, deux autres accords sont signés avec la Ville de Neuchâtel ainsi qu’avec le Chapitre de Neuchâtel. La combourgeoisie entre la Ville et Berne est assortie d’articles additionnels qui complètent la clause d’aide contenue dans le traité. Les bourgeois de Neuchâtel ont probablement manœuvré secrètement pour la conclusion de ces articles qui lèsent le comte.L’instauration de cette alliance revêt une grande importance dans l’histoire du Pays de Neuchâtel. Elle assure à Neuchâtel la protection de Berne et la place, dans une certaine mesure, sous son autorité. Elle institue en effet Berne en qualité d’arbitre en cas de conflit entre le comte, les chanoines et les bourgeois. Elle donne par là-même une influence capitale à Berne qui ne fera pas faute de s’en servir. L’autorité et le poids du puissant voisin bernois joueront par exemple un rôle prépondérant lors de l’instauration de la Réforme en 1530 ou lors de conflit testamentaire pour la succession à la souveraineté de Neuchâtel. Berne conserve ainsi une situation dominante sur Neuchâtel jusqu’en 1848.
Bauer, Eddy, « Les combourgeoisies de 1406 », Musée neuchâtelois, 1956, pp.285-298.
Montandon, Léon, « Un anniversaire. [Traité de combourgeoisie avec Berne, 16 avril 1406] », Musée neuchâtelois, 1956, p.68.
Jeanjaquet, Jules, Traité d’alliance et de combourgeoisie de Neuchâtel avec les villes et cantons suisses 1290-1815, Neuchâtel : Impr. P. Attinger, 1925, pp. 52-75.