Après le grand incendie de 1794, la ville de La Chaux-de-Fonds est reconstruite suivant un plan orthogonal dont la rue Léopold-Robert forme la colonne vertébrale. Reliant La Chaux-de-Fonds au Locle, cet axe, au début, est bordé de fermes avec leurs jardins. Cette large rue joue un rôle particulier en se substituant à un centre urbain. Aussi la croissance démographique et la densification urbaine qui en résultent engendrent-elles progressivement la disparition de ces fermes au profit d’immeubles d’habitation. Le dernier jardin disparait définitivement de la rue Léopold-Robert en 1898.
Située à proximité de la gare, au croisement de l’avenue Léopold-Robert et de la rue de l’Avenir, cette grande ferme au toit typiquement jurassien accueille encore, juste avant sa démolition, le « Grand Bazar du panier fleuri ». Derrière elle émerge la silhouette de l’immeuble situé à la rue de la Serre. La ferme est démolie en 1890 pour laisser la place à un grand bâtiment d’habitation, encore visible aujourd’hui.
La rue Léopold-Robert, qui devient avenue par la suite, a peu à peu perdu son apparence rurale pour adopter une physionomie métropolitaine. La création de la Grande Fontaine, la plantation d’une rangée d’érables ainsi que la disparition des jardins et des fermes vont dans ce sens. L’avenue devient le coeur de la vie publique et accueille des magasins, des restaurants, des hôtels et des bureaux, transformant progressivement une simple rue de village en centre urbain. Le processus de démolition et de reconstruction se poursuit de manière constante au cours du 20e siècle et explique l’hétérogénéité architecturale apparente de cet axe.
La Chaux-de-Fonds / Le Locle, Urbanisme horloger, Proposition d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial, 2009.
Hauser, Andreas, Le Locle, Inventaire Suisse d’Architecture, 1850-1920, Berne : Société d’histoire de l’art en Suisse, 1991, pp. 203-204.