Grâce à une pension accordée par Marie de Nemours à la fin du 17e siècle, des capucins provenant de Delémont s’installent au Landeron. Ils sont sollicités par la Bourgeoisie du Landeron pour desservir la chapelle des Dix-Mille-Martyrs qui se trouve dans le bourg, au rez-de-chaussée de l’Hôtel de Ville. Quelques charges liturgiques leur incombent également mais leurs principales tâches concernent l’enseignement religieux aux enfants et le catéchisme du dimanche. Ils sont par ailleurs chargés de recevoir les confessions tandis que les autres sacrements restent la prérogative du curé. Deux pères consacrés et un frère laïc résidaient ensemble dans une maison à l’intérieur du bourg, située aujourd’hui à l’adresse Ville 43. On estime qu’environ 250 pères et frères se sont succédés au Landeron entre 1695 et 1992.
Cette photographie, réalisée par Paul Monnerat au début du 20e siècle, montre la maison des capucins, prise depuis l’entrée sud du bourg. Deux capucins et deux jeunes hommes posent devant la maison flanquée de la tour appelée la « portette ». Les capucins portent la bure brune à capuche serrée à la taille par une corde blanche qui les caractérise.
La présence des capucins – un ordre mendiant créé au début du 16e siècle et issu des Franciscains – comme d’ailleurs celle des Jésuites, dont l’ordre est fondé à la même époque, incarne la Contre-Réforme dans le milieu urbain comme dans le milieu rural. Leur activité traduit l’attention portée par ces congrégations religieuses à la réaffirmation du catholicisme et au développement de l’instruction. Dans le contexte religieux tendu entre Le Landeron, Neuchâtel et Berne, accueillir les capucins en ville, qui dépendent alors du monastère de Soleure, revient en réalité à assurer la messe au Landeron.
Après que l’ordre ait quitté Le Landeron en 1992 par manque d’effectifs, la maison est mise en vente en 1995 par la paroisse catholique qui avait fait l’acquisition du bâtiment à la fin du 19e siècle. L’argent de la vente permettra d’ailleurs de restaurer la cure. Une petite congrégation de Sœurs de St-Vincent-de-Paul est encore active dans la paroisse et résident à la cure, en dehors du bourg, alors que des privés habitent aujourd’hui l’ancienne demeure des capucins.
Girard, Edouard, Morerod, Jean-Daniel, « Les capucins du Landeron », in : Le Landeron, Histoires d’une ville, Hauterive: Ed. Gilles Attinger, 2001, pp. 187-192.
L’Express, 3.02.1995, p. 15 ; 11.01.1992 p. 22.