En 1549, le seigneur de Valangin accorde une concession pour construire un moulin sur le cours inférieur du Bied, à proximité du Col-des-Roches. Le moulin est probablement construit dans l’emposieu existant à cet endroit. La concession passe ensuite à diverses personnes avant d’échoir, en 1660, à Jonas Sandoz. Engageant d’importants travaux, creusant plusieurs galeries, Jonas Sandoz y installe cinq roues hydrauliques qui actionnent moulins, scieries ou « rebattes » (moulins à fruits et à céréales, mais aussi à charbon et à salpêtre). Les moulins restent en activité jusqu’à la fin du XIXe siècle avant d’être reconvertis en abattoirs.
Charles-Samuel Girardet a représenté le moulin installé dans la grande salle située plusieurs mètres sous terre. Actionné par une roue placée en contrebas, cette installation sert à moudre la farine. Un meunier déverse un sac de céréales pour alimenter les meules en grain. D’autres ouvriers s’affairent sous la surveillance du responsable, reconnaissable à son chapeau haut-de-forme et à sa redingote.
L’installation à une si grande profondeur de plusieurs roues hydrauliques, ainsi que des moulins eux-mêmes, constitue rapidement une curiosité et une attraction pour les visiteurs de passage. De nombreux récits de voyages décrivent minutieusement les moulins souterrains du Col-des-Roches et les émotions que leur visite provoque Les esprits romantiques de la fin du XVIIIe siècle ne peuvent que s’émerveiller de ce mélange de nature sauvage et de prouesses techniques. Cette vocation touristique trouve son aboutissement avec la réhabilitation du site dans les années 1980 et la création d’un musée en 2001.
Calame, Caroline, Les moulins souterrains du Col-des-Roches, Hauterive : Ed. G. Attinger, 2005.
Calame, Caroline, Orlandini, Orlando, Moulins souterrains du Col-des-Roches, voyage au centre de la terre, Neuchâtel : Nouvelle Revue Neuchâteloise, 2001.