Le 16 juin 1707, Marie de Nemours, souveraine de Neuchâtel, meurt à Paris sans descendance. Le Tribunal des Trois Etats, formé de 12 juges neuchâtelois garants de l’inaliénabilité de la principauté, est l’organe juridique auquel revient le droit exclusif d’investitures des princes souverains de Neuchâtel. Aussi est-il appelé à trancher en faveur de l’un des nombreux prétendants à la succession de Marie de Nemours. Sur les quinze prétendants provenant de toutes les cours européennes, neuf sont retenus. Le procès s’ouvre le 28 juillet 1707. Le 3 novembre de la même année, lors de sa 27e séance, le tribunal des Trois-Etats rend sa sentence et désigne le roi de Prusse Frédéric Ier comme souverain de Neuchâtel et Valangin.
Réalisée par un artiste d’Amsterdam, cette gravure présente de manière fantaisiste le moment où les magistrats du Tribunal des Trois-Etats, juchés sur une estrade de bois, annoncent au peuple neuchâtelois le résultat de la sentence et l’investiture du roi de Prusse. Les bâtiments qui servent de décor à la scène ne rappellent en rien les édifices neuchâtelois.
Au bas de l’image figure un texte explicatif en hollandais et en latin : « den 13 Novemb: 1707 is de Koning van Pruyssen tot Prins van Neuschatel en Valangin verkooren. 13 Nov. 1707 Rex Borussiae Principatum adeptus Castri Novi en Valanginae. P. Schenk exc. Amst. C. P » (Le 13 novembre 1307, le roi de Prusse est proclamé prince de Neuchâtel et Valangin).
Cette vue en provenance de Hollande (pays longtemps gouverné par des princes issus de la maison d’Orange) est l’unique vue connue représentant l’événement. Son auteur n’a probablement jamais mis les pieds à Neuchâtel et laisse libre court à son imagination pour représenter l’événement. Rien ne corrobore, dans les connaissances que nous avons de l’événement, une proclamation à la foule sur une estrade. La sentence a par ailleurs été rendue le 3 novembre, et non pas le 13 comme l’indique à tort l’inscription sous la gravure. Au vu de l’importance de l’événement et de son retentissement dans toute l’Europe, il peut paraître étonnant que d’autres représentations ne nous soient pas parvenues. Une partie de l’explication provient peut-être du fait que la scène artistique neuchâteloise est à ce moment-là quasiment inexistante.
Histoire du Pays de Neuchâtel, tome II, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1991, pp. 56-65.
Jacottet, Paul, « Le procès de 1707 », Musée neuchâtelois, 1881, pp. 125-132, 149-160, 192-205.
Boyve, Jonas, Annales historiques du comté de Neuchâtel et de Valangin…, Berne et Neuchâtel : Société littéraire F.L. Davoine, 1854-1859, tome IV, pp. 293-500, tome V, pp. 5-376.