La Joux-Perret forme un quartier de la commune de La Chaux-de-Fonds, situé à l’est de la ville. La famille d’Edouard Jeanmaire (1847-1916), peintre né à La Chaux-de-Fonds, y possède un domaine. Très attaché à cette région, le peintre va s’efforcer de reproduire sur la toile les différentes facettes du paysage jurassien avec beaucoup de minutie et de réalisme. Ses œuvres, reflets de son époque, rencontrent un certain succès auprès du public. A côté de paysages qui constituent l’essentiel de sa production artistique, quelques portraits ou scènes de genre occupent une place particulière, comme cet « enterrement à la Joux-Perret ».
Le cortège funèbre quitte la maison du défunt et prend la direction de l’église de La Chaux-de-Fonds dont le clocher émerge de la brume, dans le lointain, sur la gauche. Placé sur un traineau tiré par un cheval, le cercueil est suivi par la famille et les proches qui ont revêtu, pour la circonstance, leurs plus beaux habits. Certains portent des chapeaux hauts-de-forme. Un paysan se découvre au passage du défunt. Le paysage hivernal, le ciel nuageux et la lumière froide qui baigne la composition augmentent le caractère dramatique de la scène.
Trente-cinq ans après Courbet et son fameux « Enterrement à Ornans », Edouard Jeanmaire reprend le thème des funérailles. D’autres artistes, principalement allemands, ont aussi abordé ce sujet au cours du XIXe siècle. S’inscrivant dans cette veine naturaliste propre à cette époque, Edouard Jeanmaire lui donne une touche régionaliste en plaçant la scène dans les rudes conditions hivernales des montagnes neuchâteloises. Dans cette optique, l’œuvre acquiert aujourd’hui une dimension historique et sociologique, donnant des détails sur la vie quotidienne à son époque.
Kaufmann, Francis, Edouard Jeanmaire, le seigneur de la Joux-Perret, Nouvelle revue neuchâteloise, 1998, no 58.
Allanfranchini, Patrice, Kaufmann, Francis, Edouard Jeanmaire, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 2009.