Léo Lesquereux est né à Fleurier en 1806. Il est d’abord précepteur en Allemagne, avant d’enseigner à La Chaux-de-Fonds. Atteint de surdité, il travaille dans l’atelier de ressorts de son père tout en s’adonnant à sa passion pour la botanique. Il se fait connaître par ses études sur les mousses ainsi que sur les tourbières. La révolution de 1848 et la fermeture de l’Académie le poussent à suivre ses amis Agassiz, Desor et Guyot en Amérique. Il s’y fait apprécier par ses travaux sur les mousses et sur la houille et acquiert une réputation scientifique internationale.
Ce portrait photographique représente Léo Lesquereux âgé d’une soixantaine d’années. Il porte une veste sur un gilet et fixe sérieusement l’objectif. Le négatif sur verre, sur lequel figure la photographie, est directement inséré dans son support. Un fond noir placé derrière le négatif fait apparaître le portrait comme un positif. Le tout est présenté soigneusement : le passe-partout ovale doré qui encadre le portrait est enchâssé dans un écrin de bois noir.
Malgré sa réputation scientifique, la situation financière de Léo Lesquereux est restée le plus souvent précaire, connaissant plusieurs revers importants. En 1860, le déclenchement de la guerre de Sécession porte un coup fatal au commerce de montres qu’il a monté avec ses fils. Son portrait est ici révélateur de sa position sociale : la photographie professionnelle et l’apparence soignée du coffret rattachent cet objet à la bourgeoisie aisée et au monde intellectuel qu’il fréquente aux Etas-Unis. Mais plutôt que de s’offrir un onéreux daguerréotype, il choisit un procédé meilleur marché quoique très similaire d’apparence, l’ambrotype. Cette photographie a été léguée à la Société du Musée de Fleurier avec les portraits de son épouse et de son fils ainsi que quelques échantillons de sa collection de mousses fossiles provenant de bassins houillers américains.
Matthey, Willy, « Léo Lesquereux, bryologie et paléobotaniste », in : Biographies neuchâteloises, tome 2, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1998.
Berthoud, Léon, « Léo Lesquereux », Musée neuchâtelois, 1890, pp. 9-17, 29-36, 61-66, 84-88, 106-110.