Au Moyen Age, le seigneur dresse à intervalle régulier une liste des tenanciers de ses terres. Ce document est appelé reconnaissances ou rentier selon le terme local, terrier ou extente ailleurs. Les exploitants d’une terre y reconnaissent la tenir du seigneur. Ce document administratif, dont le cadastre forme approximativement l’équivalent moderne, donne aussi le détail des droits, des cens, des rentes ou des corvées qui sont dus à la seigneurie. Il sert donc à la gestion des biens et à la perception des droits et des revenus qui y sont attachés. Il possède aussi une valeur juridique permettant d’authentifier et de garantir la propriété.
Ce document recueille trois pièces d’anciennes reconnaissances concernant des propriétaires dans la Ville et la banlieue de Neuchâtel. Ecrites en latin sur parchemin, les reconnaissances sont assemblées et cousues l’une après l’autre, puis roulées. La marge de gauche porte une numérotation (moderne) des reconnaissances de 1 à 99.
Ces reconnaissances sont parmi les plus anciennes conservées pour la ville de Neuchâtel. Si les premières reconnaissances sont conservées en rouleau, l’administration adopte par la suite des cahiers ou des registres, plus pratiques. Après quelques années, les changements intervenus dans les tenanciers pour diverses raisons (achats, ventes, échanges, partages, décès) rendent nécessaires la tenue de rentiers qui permettent de suivre tant bien que mal l’évolution des biens des habitants.
Par les nombreuses informations qu’ils contiennent, les reconnaissances et les rentiers constituent des sources historiques précieuses pour suivre l’évolution du paysage urbain.
Dubler, Anne-Marie, « Reconnaissances », in : Dictionnaire historique de la Suisse (DHS).
Petit guide des archives d’Ancien Régime, Archives de l’Etat de Neuchâtel, 2006.
Jelmini, Jean-Pierre, « Les sources majeurs de l’histoire urbaine », in : Neuchâtel, histoire d’un paysage urbain, Neuchâtel : Musée d’art et d’histoire, Nouvelle revue neuchâteloise, 1998.