Aurèle Robert est un peintre suisse originaire de la Chaux-de-Fonds. Graveur de formation, il se rend à Rome en 1822 afin d’étudier la peinture dans l’atelier de son frère Léopold. Il y débute en tant que copiste : en effet, Aurèle « copie et grave d’abord les œuvres de celui-ci avant de peindre ses propres tableaux » (Robert, 2001, p. 305). Il revient en Suisse en 1843 et effectue plusieurs portraits qui témoignent de sa maturité artistique.
Aurèle Robert réalise ce tableau d’après un ancien portrait de Jacques-Louis de Pourtalès, peint par Jean-Pierre Preudhomme en 1766. Le personnage y est représenté à l’âge adulte, caractéristique que le peintre reprend pour son propre tableau. À mi-corps et légèrement de profil, Jacques-Louis de Pourtalès arbore une expression déterminée qui reflète une grande vivacité d’esprit. Sa main gauche disparaît à l’intérieur de son habit, contre sa poitrine, et son bras droit repose sur un meuble. Le seul détail qui lui confère un statut supérieur, et qui justifie ainsi le portrait, est la dentelle ornant son cou et ses manches. Par ailleurs, la composition est sombre et dénuée de tout artifice ; le peintre a choisi une palette aux couleurs neutres : le portrait est entièrement exécuté dans les tons brun, gris, beige, jaune et blanc.
Jacques-Louis de Pourtalès a marqué l’histoire de Neuchâtel au 18e siècle. Initié dès son plus jeune âge au commerce et à l’économie, il s’impose sur le marché colonial comme « un négociant infatigable, se muant en banquier selon la nécessité, ne cessant d’étendre et de cultiver un réseau de relations avec une rare maîtrise de ce que l’on nomme aujourd’hui les relations publiques » (Jequier, 1996, p. 216). Fondateur de l’entreprise Pourtalès & Cie en 1753, ses activités sont centrées sur le commerce des indiennes, c’est-à-dire des cotonnades imprimées. Il développe de nombreux comptoirs en Europe, aux Amériques, en Asie et en Afrique, qui lui permettent d’édifier un véritable « empire financier, commercial et industriel » (Forster, 2009, p. 71).
Allanfranchini, Patrice, « Jean-Pierre Preudhomme, artiste-peintre (1732-1795) », in : Biographies neuchâteloises, Hauterive : G. Attinger, t. 1 : De saint Guillaume à la fin des Lumières, 1996, p. 221-224.
Bergeron, Louis, « Pourtalès & Cie (1753-1801) : apogée et déclin d’un capitalisme », in Annales économies, sociétés, civilisations, n°2, 1970, p. 498-517.
Buchenel, Paul, « Jacques-Louis de Pourtalès », in : Fils de leurs œuvres : caractères et portraits nationaux, Neuchâtel : F. Zahn, 1905, p. 127-192.
Forster, Gilles, « Neuchâtel, l’esclavage et la traite négrière : entre mémoire refoulée et histoire occultée. », in : Eternal Tour 2009 XZY. Festival artistique & scientifique, 3-13 septembre 2009 : Neuchâtel, Val-de-Travers, La Chaux-de-Fonds, Le Locle, Hauterive : G. Attinger, 2009, p. 64-75.
Jequier, François, « Jacques-Louis de Pourtalès, négociant-banquier (1722-1814) », in : Biographies neuchâteloises, Hauterive : G. Attinger, t. 1 : De saint Guillaume à la fin des Lumières, 1996, p. 212-230.
Robert, Marc, « Aurèle Robert, peintre (1805-1871) », in : Biographies neuchâteloises, Hauterive : G. Attinger, t. 3 : De la Révolution au cap du XXe siècle, 2001, p. 305-312.