A la fin du 19e siècle, alors que la commune du Landeron, traditionnellement catholique, voit les rapports de forces basculer vers une démographie plus protestante, les célébrations de la Fête-Dieu et du vendredi saint endossent d’importants enjeux dans la politique religieuse locale. La détermination des congés reste une prérogative de l’autorité cantonale. Toutefois,afin de limiter les escarmouches entre les deux communautés, le Conseil général du Landeron arrête en 1909 par un règlement de police que les deux fêtes religieuses sont bien considérées comme des jours fériés. En effet, au début du 20e siècle le vendredi saint est reconnu comme un jour férié sur le plan cantonal, contrairement à la Fête-Dieu. C’est par l’ordonnance cantonale édictée le 10 novembre 1972 que Le Landeron devient la seule commune du territoire neuchâtelois où la Fête-Dieu est considérée comme un jour férié catholique.
La photographie représente la procession de la Fête-Dieu dans les années 1920. Le cliché a été pris à la rue St-Maurice, où se trouve l’église du même nom et qui mène au Faubourg. Au premier plan se trouvent des enfants de cœur couronnés, portant des encensoirs et des coupes à fleurs. Quatre hommes vêtus de noir portent le dais sous lequel avancent trois prêtres. L’un d’eux tient l’ostensoir contenant l’hostie consacrée présentée à la vénération des fidèles. Deux capucins et deux porte-lanternes défilent à côté du dais. Les hommes suivent le cortège à droite et les femmes à gauche, vers le muret.
La Fête-Dieu, en latin Corpus Domini, se célèbre 60 jours après Pâques. Cette fête catholique commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie. Au Landeron, cette fête religieuse débute avec la fanfare villageoise qui joue la diane au petit-matin dans les différents quartiers de la localité. Une messe est célébrée dans l’Eglise Saint-Maurice, puis la procession du Saint Sacrément défile en deux rangs dans une partie du village et dans le bourg. Les bannières des confréries, les enfants de chœur, la fanfare villageoise, les fidèles, les servants puis le dais au-dessous duquel le prêtre porte et exhibe l’ostensoir défilent ensemble. La procession s’arrête aux postes où des autels, appelés reposoirs, sont dressés pour l’occasion. La Fête-Dieu est encore célébrée aujourd’hui au Landeron.
Rais-Liechti, Myriam, « La mémoire du Landeron », in: Le Landeron. Histoires d’une Ville, Hauterive : Editions Gilles Attinger, 2001, pp. 263-274.
Monnerat, Paul, Le vieux Landeron. 1326-1926, Landeron : Imprimerie W. Henry, 1926.