Jusqu’au XIXe siècle, la traversée de Serrières est très malcommode. Venant de Neuchâtel, le voyageur doit descendre jusqu’au bord du lac par le Chemin-Vieux, traverser la rivière de la Serrière à son embouchure, avant de remonter la rue Guillaume-Farel. Cette dernière montée, très raide, est un obstacle sérieux pour la circulation des voitures et des marchandises. Dès le milieu du XVIIIe siècle, les autorités envisagent un pont pour traverser le ravin de la Serrière en un point plus favorable. En 1789, un projet de l’ingénieur français Nicolas Céard (1745-1821) est approuvé, mais il faut attendre l’avènement du maréchal Alexandre Berthier, nouveau prince de Neuchâtel, pour que le projet soit relancé. Le nouvel ouvrage est terminé en 1810.
Placé au nord de l’ouvrage, l’artiste rend compte de la masse imposante du pont et de sa hauteur. Un cavalier le traversant en donne l’échelle. Entre les jardins du premier plan coule la rivière de la Serrière qui descend vers le lac par petites cascades successives. Sous l’arche du pont se distingue le Moulin de la voûte, ainsi que les alpes et le lac en arrière plan.
Le bref règne d’Alexandre Berthier sur Neuchâtel, entre 1806 et 1813, marque un progrès important dans la modernisation du réseau routier neuchâtelois. Désireux d’accroitre les revenus de sa principauté, le prince français développe les voies de communication pour soutenir l’économie du pays. L’impulsion qu’il donne permet la réalisation de plusieurs grands axes, notamment ceux de la Vue-des-Alpes et de la Tourne qui améliorent les liaisons entre les Montagnes et le Littoral. Le pont sur la Serrière, dont l’aquarelle de Girardet est l’une des premières vues, est la manifestation la plus visible de cette politique.
Favre, Louis., « Le Pont de Serrières », Musée Neuchâtelois, 1900, p. 125.
Godet, A., « Le Pont de Serrières vers 1815 », Musée Neuchâtelois, 1900, p.148.
Grandjean, Antoine (dir.), Routes neuchâteloises, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1995, p. 52-59.
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècle d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2005, p. 80 (notice 122).