En 1928, la salle de théâtre de La Chaux-de-Fonds est presque centenaire. Construite et financée par l’élite horlogère en 1837, elle devait servir à pallier le manque de salles pour les spectacles et donner un aspect plus urbain à la ville. En effet, certains notables chaux-de-fonniers, au-delà de leur goût pour la culture, étaient désireux de pouvoir proposer des divertissements de qualité à leurs hôtes. Le théâtre à l’italienne permet de bonnes conditions de représentation mais sert également, par ses galeries, à se montrer au public.
Durant le début du 20e siècle, il était coutume de programmer des opérettes ou vaudevilles durant la période du Nouvel-an. C’était un moment particulier de la saison où l’accent était porté sur le divertissement. Le reste de l’année, la programmation privilégiait un certain éclectisme tant au niveau de la musique que du théâtre.
Ces feuilles préimprimées servaient à inscrire les réservations. En l’occurrence, pour la représentation de Pas sur la bouche en matinée du 2 janvier 1928 ; une opérette d’André Barde (livret) et Maurice Yvain (musique) créée à Paris en 1925 (reprise au cinéma par Alain Resnais en 2003). Elle a été jouée par la troupe Petitdemange forte d’une quarantaine de personnes (20 comédiens, 10 girls et 10 musiciens). Durant son passage à La Chaux-de-Fonds, la troupe a interprété 5 opérettes en 5 jours pour un total de 8 représentations.
Le parterre comporte encore sa travée centrale. Le théâtre compte alors environ 700 places avec ses trois galeries. La quasi-totalité des places ont été réservées, ce qui prouve que cette tournée connut un vif succès. L’Impartial annonce que le théâtre « ne désemplit pas d’une foule dont l’enthousiasme est indescriptible ».
Le théâtre, construit en 1837, continue de vivre près d’un siècle plus tard. Sa vocation a passablement évolué. Il ne sert plus à l’organisation de soirées dansantes. C’est pourquoi les bancs d’origine ont été remplacés par des sièges, empêchant ainsi de monter un parquet de bal au parterre.
Même s’il reste très populaire, le théâtre arrive cependant à une période critique. Le bâtiment est vieillissant et le comité du théâtre envisage, durant les années 1930, de le démolir pour construire une nouvelle salle. Il opte finalement pour une rénovation.
Son enveloppe, sa vocation, ses spectacles évoluent. En un peu moins de deux siècles, il a connu quatre rénovations conséquentes, la dernière en 2003. C’est grâce à ces efforts que La Chaux-de-Fonds possède l’un des deux théâtres à l’italienne de Suisse.
Tissot, Yvonne (dir.), Ramseyer, Jacques, En scène ! La vie théâtrale en pays neuchâtelois, Hauterive : éd. Attinger, 2010.
Tissot, Yvonne, Le théâtre de La Chaux-de-Fonds, une bonbonnière révolutionnaire : comment une petite ville horlogère se dota d’un théâtre en 1837, Lausanne : éd. Payot, 2003.