Jusqu’au 18e siècle, la ville de Neuchâtel est cernée par une enceinte qui clôt la ville de tous côtés. A l’ouest, ce dispositif défensif est constitué du donjon, de la porte du château et de la tour des Prisons. Au pied du rocher supportant les anciennes prisons, l’enceinte se prolonge jusqu’à la grève, empêchant le passage le long de la rive du lac. Une petite tour, dite de l’Oriette, marque l’extrémité de la muraille. Mentionnée en 1538, la construction de la tour de l’Oriette remonte probablement au 15e siècle. Dès 1755, la tour est utilisée comme poudrière. Elle est démolie en 1823 pour laisser place à la route de l’Evole, créée pour éviter la rue escarpée du château et contourner le centre ville.
L’artiste s’est placé sur la rive, au bas de la rampe de la rue du Pommier. Il a représenté la tour de l’Oriette, coiffée d’un toit aux pans incurvés. La tour repose sur un môle grossièrement construit. Un mur crénelé la relie aux rochers, fermant l’accès à la grève. Sur la droite, surplombant la scène, se dresse la silhouette du bâtiment des prisons, ainsi que les vestiges d’une tourelle. Un arbuste anime le premier plan. Dans le fonds se distingue une maison qui pourrait être le no 2 de la rue de l’Evole, bien que celle-ci ne soit attestée qu’en 1758.
La tour de l’Oriette marque, au 16e siècle, la limite occidentale des grèves remisent par la comtesse Jeanne de Hochberg aux autorités de la Ville, les Quatre Ministraux. La Pierre-à-Mazel en constitue la frontière orientale. Cette importante concession donne la possibilité à la Ville de Neuchâtel d’utiliser librement ces rives pour poursuivre l’extension du bourg en direction du lac. En 1680, moment où le paysagiste Félix Meyer, originaire de Winterthour, dessine cette vue, l’enceinte a perdu toute fonction défensive, ne conservant qu’un rôle de protection contre les rôdeurs et les mendiants. Félix Meyer n’y voit probablement qu’un vestige pittoresque d’une réalité en voie de disparition.
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècles d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2005, pp. 20-21 (notice 4).
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