Jusqu’au milieu du 20e siècle, les Neuchâtelois ont des loisirs qui ne les séloignent guère de leur lieu de résidence. C’est particulièrement le cas dans les années 1930 en raison de la crise économique, qui renforce l’attrait des régions proches et notamment les crêtes jurassiennes.
Lorsque vient la neige, les randonneurs chaussent leurs « lattes », avec lesquelles ils fréquentent quasiment les mêmes itinéraires qu’à pied.
Bien qu’enneigé, le parking situé devant l’hôtel de la Vue des Alpes est couvert de voitures et d’autocars. Comme il fait beau, de nombreux amateurs de grand air ont gravi la route du col à bord de ces véhicules. L’heure du retour n’a pas encore sonné puisque l’objectif du photographe n’a saisi que deux skieurs, un homme et une femme. Leurs skis en bois sont équipés de fixations à câble qui permettent de lever les talons pour la marche et de les immobiliser pour la descente.
En dépit de leur allure rustique, les véhicules à moteur font partie du quotidien, même à la montagne car ils sont aptes à gravir la plupart des pentes en toute saison. Facilement accessible par la route, le col de la Vue des Alpes est donc un point de départ privilégié pour les excursions.
Cependant, les skieurs ne peuvent pas encore compter sur les remontées mécaniques pour enchaîner les descentes. Le premier téléski de la région, celui de la « bosse » de Tête de Ran, ne sera inauguré qu’en 1943.
Cop, Raoul, Les Montagnes neuchâteloises entre tradition et modernité 1934-1973, photographies de Fernand Perret, Sainte-Croix : Les Presses du Belvédère, 2008.