Pendant des dizaines d’années, Lucien Schwob fit des croquis « sur le motif ». Il notait ses observations sur des carnets, des bouts de papier. Ces sortes d’aide-mémoire visuels, portraits de personnes inconnues rencontrées dans les trains, au restaurant, dans les salles de spectacle n’ont pas d’autre signification que celle de l’habitude.
A l’intérieur de l’ancienne cave de la famille Langer, aujourd’hui occupée par les Caves de La Béroche, quatre hommes s’activent autour d’un treuil afin de tirer une palanche qui permet à l’écrou de s’abaisser sur la vis du pressoir et d’exercer ainsi une « pressurée » sur le bâti des marcs qui appuient sur les planches appelées « ivrognes », posées à même la masse de raisin dans la cage du pressoir.
Dans la scène présente, les pressureurs sont en phase finale ; c’est à dire qu’ils sont en train d’extraire les dernières gouttes du raisin compacté. L’effort est conséquent.
Le dessin est signé et daté « 27 oct. 38 ».
Les dessins de la vigne datent de 1938, période heureuse dans la vie de Lucien Schwob. Sur les deux cents exécutés, le Musée de la vigne et du vin en possède une centaine. Ils n’étaient pas destinés à une exposition particulière. Peut-être furent-ils réalisés en vue d’une composition monumentale qui ne vit finalement pas le jour. A cause ou grâce à cela, ils sont d’une grande liberté et d’une grande spontanéité. Ce sont des études d’attitudes : les vendangeurs et les vendangeuses, les ouvriers et les ouvrières ont une façon de rester courbés, de marcher, d’être tendus à l’effort, synonyme de la pénibilité des travaux durant les vendanges.
Lucien Schwob, 1895-1985 : [exposition au] Musée des beaux-arts, La Chaux-de-Fonds, du 17 décembre 1988 au 22 janvier 1989 : [catalogue], La Chaux-de-Fonds : Musée des beaux-arts, [1988].
Boss, Roger, « Lucien Schwob », in : Revue neuchâteloise, no 28 (1964), p. 17-25.