Après 1780, un nombre croissant d’artistes réalisent des gravures mettant en scène certains aspects, de préférence pittoresques, du haut Jura neuchâtelois. Ces représentations imprimées sont destinées en premier lieu aux Montagnons aisés : horlogers, agriculteurs, commerçants et autres notables. Elles s’adressent également aux voyageurs qui visitent la région en se référant notamment à la Description des Montagnes neuchâteloises de F.-S. Ostervald (1764).
L’artiste s’est placé à l’extrémité sud-ouest du lac des Brenets. Au premier plan, sur la rive franc-comtoise, il a représenté une maison du hameau de Chaillexon, ainsi que des voyageurs. Trois barques et un radeau (bac) sont sur le lac. Le village des Brenets s’étage sur le flanc opposé, tout près de l’église primitive.
La gravure, apparemment fort fidèle, illustre les moyens de transport de l’époque. Elle nous rappelle que l’essentiel du trafic entre Le Locle et Besançon via Morteau transite par le village des Brenets. La route passe par les Malespierres, les Frêtes et le Châtelard. On traverse le lac entre le Pré du Lac et Chaillexon. La route du Col-des-Roches n’est ouverte officiellement qu’en 1851.
Pour le pays de Neuchâtel, les échanges commerciaux avec la France sont vitaux ; cependant, les marchandises pondéreuses transitent plutôt par Les Verrières et La Brévine.
Si les échanges ne sont guère entravés par la rivière ni par la frontière, les mouvements migratoires se heurtent à une frontière plus insidieuse : celle des confessions. Les Neuchâtelois voient d’un mauvais œil l’établissement des catholiques et on ne célèbre quasiment pas de mariage mixte.
Allanfranchini, Patrice, « Les frères Girardet graveurs », in : Biographies neuchâteloises, tome 1, Hauterive, 1996, pp. 111-121.
Courvoisier, Jean, « Les routes neuchâteloises au XIXe siècle avant les chemins de fer », Musée neuchâtelois, 1957, pp. 97-102.
Jung, Fritz, Le Col-des-Roches, Le Locle : Ed. des Annales locloises, 1951.