Dans la vallée du Locle, les eaux du Bied n’ont qu’un seul exutoire, l’emposieu du Col-des-Roches (appelé autrefois Cul-des-Roches) dans lequel sont construits dès le 17e siècle des moulins souterrains. En période de crue, cet emposieu ne suffit toutefois pas à l’évacuation des eaux. Le fond de la vallée est alors inondé et il se forme un petit lac s’étendant parfois presque jusqu’au Locle. Afin de résoudre le problème, un canal de drainage de 920 m de long est creusé dans la roche, permettant d’évacuer les eaux et d’assécher les marais.
Afin de célébrer l’ouverture du nouveau canal d’évacuation des eaux, une fête est organisée le 16 août 1805. La foule s’est réunie au pied du chemin d’accès au col qui permet de franchir le passage étroit menant vers la France. Les autorités de la Ville et le président du Conseil d’Etat sont accompagnés par une haie de grenadiers, ainsi que par les sapeurs et les mineurs. Au premier plan, des spectateurs allument des feux d’artifices pour manifester leur joie. Le petit lac, qui s’étendait parfois jusqu’aux abords de la ville est encore présent. A gauche, les bâtiments abritant les moulins souterrains.
Charles Samuel Girardet offrit cette gravure aux 12 membres de la Société à l’origine du projet, ainsi qu’au maire et au pasteur du Locle. Ces 14 exemplaires, rares, portent une dédicace spéciale. Cette estampe souligne ainsi un moment important pour l’essor urbanistique du Locle. Le percement du Col-des-Roches favorisa en effet l’assainissement d’une zone propice au développement du Locle. Le projet initial prévoyait la percée d’un véritable tunnel routier sous le Col-des-Roches, mais les autorités y virent une possible concurrence à la route commerciale reliant Pontarlier à Neuchâtel. L’ouverture du tunnel se fera finalement en 1850.
Perregaux, C., « Jean Jacques Huguenin et la percée du col des roches, 1801-1805 », Musée neuchâtelois, 1906, p. 16-26, 77-87.