Cette plaque en bronze est découverte en 1992 lors de prospections à Gorgier-sur-Ponton. Bien que le site même n’ait pas été fouillé, plusieurs indices laissent penser qu’un établissement romain, peut-être une villa, se trouve à cet endroit. En effet, il est localisé à proximité d’une ancienne voie romaine, la Vy d’Etra (qui borde également le mausolée de Wavre), et lors de la prospection, une série de monnaies romaines a également été mise au jour.
Sur cette petite plaque sont figurés, en ronde bosse, les bustes des dieux de la semaine du calendrier romain. Ils apparaissent sur un vexillum, une étoffe flottante, interprétée comme un étendard. Au dos de la plaque, un porte-hampe permet de la maintenir verticalement en y introduisant une hampe en bois.
De gauche à droite et de bas en haut, on distingue ainsi Saturne, le dieu des semailles, avec sa faucille de moissonneur ; le Soleil, avec une couronne radiée symbolisant la lumière du jour et la chaleur ; la Lune et son croissant, symbole du cycle des saisons ; Mars casqué, figure de la force et de la vigueur, qu’il s’agisse de la nature ou de la guerre ; Mercure, dieu du commerce et protecteur des voyageurs avec son chapeau ailé ; Jupiter, dieu des dieux, roi du Ciel et de la terre, avec sa couronne ; et enfin, Vénus, dont la poitrine est dévoilée, déesse de la beauté et de l’amour, identifiable à son diadème.
Durant l’Antiquité romaine, on dénombre sept astres désignés sous le terme de planètes et classés selon la position qu’ils occupent par rapport à la Terre, placée alors au centre de l’Univers, soit Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure et la Lune. Ils ont donné leurs noms aux jours de la semaine, celle-ci commençant pour les Romains par le samedi, car le dieu Saturne représente la planète la plus éloignée de la terre et il domine le ciel. Dans notre vocabulaire quotidien, nous avons hérité de ces noms de jours inspirés par les dieux romains. Pour le lundi, il s’agit de Luna Dies (le jour de la lune), pour mardi, Marti dies (jour de Mars), pour mercredi, Mercurii dies (jour de Mercure), et ainsi de suite. Seul le nom du dimanche a un peu évolué : en effet, le Solis dies (jour du Soleil) se transforme avec le christianisme en Domenica Dies (jour du seigneur). Mais en allemand et en anglais, il reste le jour du soleil (Sonntag, Sunday).
La plupart des représentations des dieux de la semaine connues en Gaule sont situées à l’est et au nord de la France, en Suisse et au sud de l’Allemagne. Une cinquantaine de figurations ont été découvertes, toutes postérieures à 200 ap. J.-C. Le plus souvent, elles décorent des monuments (bas-reliefs, colonnes, piliers), plus rarement des statuettes, des vases en céramique ou d’autres objets. Le thème des dieux et des jours de la semaine est aussi figuré sur une mosaïque de la villa d’Orbe-Boscéaz.
Quant à la plaque de bronze du Laténium, elle appartenait peut-être à l’autel domestique d’une villa à Gorgier. Dans ce cas, elle se situait probablement à proximité du laraire, l’autel destiné au culte des Lares, les Dieux du foyer. Le culte domestique avait une grande importance pour les romains et chaque maison se devait d’y réserver un emplacement, le plus souvent dans un angle de l’atrium de la maison.