Refoulée sur la frontière suisse lors de la débâcle des armées françaises, l’armée de l’Est commandée par le général Bourbaki est internée en Suisse en janvier 1871. Déposant leurs armes, les 87’000 soldats français pénètrent dans le canton de Neuchâtel par Les Verrières. Les internés sont répartis par les autorités fédérales dans les différents cantons. La ville de Neuchâtel accueille près de 10’000 soldats qui logent dans de nombreux bâtiments publics tels que collèges ou temples.
Les soldats français, accompagnés des Prussiens faits prisonniers, pénètrent en ville de Neuchâtel. Quelques soldats suisses, reconnaissables aux armes qu’ils sont les seuls à porter, les escortent. Revêtus de leurs uniformes, ils marchent tous fièrement, dans une attitude digne. Un soldat suisse à cheval émerge en arrière-plan. Le paysage enneigé rappelle que l’épisode se passe au plus fort de l’hiver.
Passionné d’histoire, Auguste Bachelin se découvre dès 1858 une vocation de peintre militaire. Il cherche, à travers ses œuvres, à exalter les sentiments patriotiques et le sens moral. La guerre de 1870 et l’internement de l’armée du général Bourbaki lui fournissent les sujets de plus de vingt tableaux et font de lui l’un des peintres de la neutralité armée. Contrastant avec d’autres représentations de l’événement qui insistent sur la détresse des soldats et le secours apporté par la population, ce tableau célèbre la neutralité suisse à même de réconcilier les différents partis du conflit.
L’art neuchâtelois : deux siècles de création, Hauterive : G. Attinger, 1992, pp. 87-91.
Meyer, André ; Horat, Heinz, Les Bourbakis, Lausanne : Ed. 24 heures, 1983.
« 1871-1971 : Centenaire de l’entrée de l’armée du général Bourbaki en Suisse », Musée neuchâtelois, 1971, p. 1-121.
de Weck, Hervé, « Bourbaki, armée », in : Dictionnaire historique de la Suisse(DHS).
Wessner, Jérôme, Les Neuchâtelois face à l’internement de l’armée de l’Est en 1871. Esquisse de sentiments, Mémoire de licence, Institut d’histoire de l’Université de Neuchâtel, 2008.